L'histoire :
En 2012, Mana Neyestani accepte l'invitation de la ville de Paris de devenir réfugié politique en France. En effet, être caricaturiste et journaliste en Iran, cela met autrement plus sa vie en danger que s'il était simple militant anti-système. Étant données les circonstances, son cas est relativement simple... il n'empêche qu'il doit en passer par toutes les étapes administratives que sa régularisation civile requiert. Cela commence par l'office de l'association France Terre d'Asile, qui lui explique les nombreuses étapes et allers-retours que la procédure réclame. Le journaliste découvre alors que le cas des réfugiés est un enjeu de politique intérieure. Il découvre aussi que les autres demandeurs, qui squattent dans des squares en attendant l'instruction de leurs dossiers, s'avèrent souvent mieux renseignés que les professionnels. La question de l'hébergement intermédiaire n'est pas anodine, vue la lenteur kafkaïenne de l'administration française. De bureaux en entretiens, de files d'attente en paperasserie, de rencontres en témoignages, il découvre les rouages complexes et abscons de la procédure et partage les cas bien pires des autres demandeurs, aux profils plus standards...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans Une métamorphose iranienne, Mana Neyestani dénonçait l'infernal système répressif iranien et son exil de son pays. A travers l'expression de la bande dessinée, toujours mâtinée de dessin de presse, ce petit bouquin souple prend la suite directe de ce contexte : il relate cette fois son périple – certes plus léger et moins redoutable – dans les méandres de l'administration française. A la base, il est question d'acquérir un statut civil qui semble pourtant lui aller comme un gant : celui de réfugié politique. Nous autres français, savons tous depuis notre tendre enfance que l'administration nous crèvera tous. Le redécouvrir à travers l'expérience d'un étranger face à l'OFPRA sonne comme une amertume nécessaire. Dans ce cas précis, comme pour bien d'autres, le fameux « choc de simplification » demeure une utopie et un effet d'annonce fumeux. En préambule, Neyestani désamorce néanmoins le sens de sa critique et recentre la logique de son auto-fiction : son parcours a été bien plus limpide que pour les plupart des anonymes. Il relate donc ici des cas de figure qui dépassent son propre vécu, quitte à faire tantôt preuve de mauvaise foi, et quitte tantôt à virer au catalogue des possibles – exercice didactique et exhaustif oblige. Son sens de la mise en scène fait toutefois merveilleusement mouche. Nombre situations dessinées et décrites peuvent trouver matière à illustrer moult articles sur le sujet pour – hélas – encore de nombreuses années, à en croire l'équilibre international délicat de notre début de XXIème siècle...