L'histoire :
Xu est un acteur chinois de renommée internationale qui vient tourner au Brésil. Oui mais voilà, depuis quelque temps il se noie dans l'alcool, la drogue et les repas copieux. Est-ce la fin de la gloire ?
Hermès est sculpteur. Seul dans sa grande maison d'architecte, il passe ses jours et ses nuits à façonner des individus de marbre. Il vit une histoire d'amour étrange avec Raissa... Ailleurs, un jeune Brésilien aime les femmes qui acceptent de se livrer avec lui à ses fantasmes : il aime voir ces femmes attachées, ligotées. Il les choisit patientes, rarement belles... jusqu'au jour où il tombe sur une beauté pure dont il tombe éperdument amoureux, « une princesse ». Quand il l'entraînera dans ses fantasmes, celle-ci va se révéler d'une fragilité cassante et désarmante... Six destins heurtés, saccadés, inachevés, qui n'échappent pas à la solitude et à la violence des rapports intimes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rares sont les BD à nous venir du continent sud-américain. Daniel Galera est un jeune auteur de littérature brésilien, tandis que Rafael Coutinho, en marge de réalisations artistiques ou d'expositions, publie illustrations et BD dans des magazines. Dans ce grand et épais roman graphique (près de 300 pages), ils racontent ensemble les destins isolés et enchevêtrés de six personnages, tous un peu paumés dans leur solitude, leurs fantasmes, leurs obsessions ou leurs rêves. En ressort une habile et profonde photographie du Brésil contemporain, avancé sur la voie de l'occidentalisation rampante et en proie au désenchantement. Violence des rapports sociaux, rêves perdus d'une jeunesse dorée, solitude et vide existentiels... Six destins différents, mais un dénominateur commun : le reflet de périodes charnières pour ces personnages qui aimeraient n’avoir jamais rien fait pour pouvoir tout recommencer… Un acteur chinois condamné par son succès, la fragilité d'une femme incomparablement belle qui aime être ligotée, le sentiment d'avoir manqué quelque chose... Les auteurs parlent d'un pays que peu connaissent de l'intérieur, avec poésie, sensibilité, bien que le message puisse paraître brumeux parfois. Ils parviennent à créer de vrais moments de tension ponctués de questionnements profonds, parfois via des scènes inquiétantes, grâce à un graphisme ample et élégant. Et au bout, l'image du cachalot, ce grand mammifère capable de plonger à plus de 1000 mètres de profondeur, comme ces personnages voués à manquer éternellement le but de leur existence, rattrapés par leur destin empreint d'éternelle « saudade », cette nostalgie malade qui rend triste...