parution 03 janvier 2018  éditeur Cambourakis  Public adulte  Mots clés Historique / Thriller

Les Visés

Parcours psychologique d’un des premiers tueurs de masse aux USA (1966), les jours précédents et le jour même. Décorticage d’une sinistre déviance nihiliste. Un ouvrage intéressant, au regard des itératives tueries de masse…


Les Visés, bd chez Cambourakis de Gosselin, Nanni
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

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  • dessin Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Cambourakis édition 2018

L'histoire :

Un matin, au petit déjeuner, Richard raconte à son épouse enceinte qu’il a fait un rêve éveillé la veille, tout en conduisant. Il a en effet imaginé qu’il était le tueur embusqué qui a tiré sur Kennedy, trois ans plus tôt. Sa femme se moque, en s’inquiétant un peu qu’il fasse ce genre de rêve au volant. Puis Richard conduit sa femme à son boulot, dans une entreprise de téléphonie. Le vent dans leur décapotable fait se soulever les cheveux de Kathleen, dévoilant un œil au beurre noir. Pour autant, Richard culpabilise de sa violence conjugale et promet de canaliser sa colère. Après avoir déposé sa femme, il part faire quelques courses et tente d’engager la conversation avec les caissières et les vendeurs… sans succès. La société est aseptisée, ses acteurs semblent décérébrés, en perte totale d’empathie. A deux reprises, Richard refuse de faire la course avec une autre décapotable remplie de jeunes effrontés. Il se canalise lui-même en couvrant les pages de carnets intimes de ses pulsions morbides. Puis il passe à la cafeteria, où sa mère vient de décrocher un poste de barmaid. Il lui demande de chercher après un de ses carnets, qu’il aurait oublié chez elle. Sa mère dit qu’elle ne l’a pas… mais c’est faux. En cachette, elle le lit. Et ce qu’elle lit l’effraie…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le 1er août 1966, l’américain Charles Joseph Whitman commettait un crime de masse, du haut de la tour de l’université d’Austin (Texas), l’un des premiers de la sorte. Il a depuis fait bien des émules, nourris par la législation des ventes libres dans de nombreux états aux USA. En février 2018, époque de cette chronique, 17 personnes ont encore été tuées arbitrairement dans un lycée de Floride… un « score » proche de celui de Whitman (16 morts et 32 blessés). En quelque sorte, les auteurs Thomas Gosselin et Giacomo Nanni font avec cet album un retour aux sources du mal, mais qui ne cible pas directement le lobby des armuriers. Ils tentent surtout de décortiquer le mécanisme psychologique qui pousse un quidam à dévier de la sorte de l’humanité. On découvre ce personnage dans sa vie de couple « normal », dans ses petits dérangements précurseurs de la tuerie qu’il va commettre. Il écrit un journal intime pour le moins évocateur sur son désordre ; il peine à canaliser sa violence ; il passe pour un gentil caractériel auprès des commerçants. Il se persuade aussi de la vaine finalité de l’existence et d’avoir une tumeur qui le pousse inexorablement à commettre ce genre de crime. Et c’est ainsi, en pleine conscience de ses actes, qu’il se prépare sereinement à devenir un sniper façon Lee Harvey Oswald. Une pulsion suicidaire, car il sait qu’il n’y survivra pas. L’approche narrative est efficiente, méthodique, nourrie par des dialogues soignés, sans pathos. Toute abominable soit-elle, la démarche de ce tueur semble cohérente. En revanche, le parti-pris graphique ne sera pas des plus agréables à l’œil du grand-public. Si la mise en scène et le découpage fonctionnent, le trait stylisé ne s’embarrasse guère de respect des proportions, ni de style (tantôt très caricatural, tantôt plus réaliste). De larges séquences en ombres chinoises permettent de prendre la distance (pratique) avec l’expressivité des personnages, lors des séquences tendues. La colorisation à base de trames à gros grains, sur 3-4 teintes primaires (CMJN), termine d’apporter la touche d’austérité… sans doute nécessaire au sujet.

voir la fiche officielle ISBN 9782366243208