L'histoire :
Tandis que papa lit son journal à poil dans son lit, la grosse, l’immonde mama passe le balais, tout aussi dénudée. C’est d’autant plus répugnant qu’entre ses jambes elle laisse traîner sur le sol sa matrice, longue de deux mètres (oui, vous lisez bien)… Entre alors dans la chambre le rejeton, qui réclame qu’on lui signe son carnet de notes. Mais ça n’est franchement pas le moment : maman a envie. Là, maintenant. Elle saque papa du lit, entrouvre la fenêtre, et grimpe sur le rebord. Papa attrape alors les grandes lèvres de maman par leur extrémité et c’est parti : maman se jette dans le vide et fait le yoyo sur trois étages, ce qui lui procure un orgasme démentiel. Puis elle s’écrase en bas. C’est alors au tour de papa de jouir un petit peu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En énorme, par devant : « Durandur encule tout le monde ». En énorme, par derrière ( ! ) : « J’invite tous les êtres sensés à entrer dans la joie ». Avec des déclarations pareilles, on ne peut se faire que des amis. En fait, ces titres sont même d’un grand lyrisme au regard de ce qu’ils contiennent… A travers ce « roman graphique », Durandur, alias Michel Durand, va très loin dans le trash et la férocité pure, au-delà de ce que vous pourriez imaginer. Or Durandur dessine toutes ces horreurs à l’aide d’encrés noirs et blancs, de manière incroyablement réaliste, révélant de nouvelles facettes de son talent prodigieux, et pas seulement pour la subversion. Quand il est moins énervé, Durand est également le dessinateur de l’excellente série Cuervos (avec Richard Marazano) ou de Cliff Burton… Visiblement, à travers le pseudo de Durandur, l’auteur a eu comme un besoin d’exutoire. Et au-delà des préjugés, c’est véritablement excellent ! Surtout, Durandur touche juste dans l’outrance, lorsque celle-ci fait des parallèles entre le sexe et la bestialité, entre la perversion et le sadisme, entre l’onanisme et l’automutilation. Certaines scènes expressément choquantes ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Notamment la scène de la torture, dans laquelle le lecteur est frontalement accusé d’être acteur et voyeur à la fois. Cela révèle habilement le potentiel de fascination morbide caché au fond de chacun d’entre nous. En effet, la torture n’a pas lieu lorsqu’on ne tourne pas les pages… et tout le monde tourne les pages. Passée la surprise de cet affrontement visuel et phrasé, on en rit beaucoup… un peu jaune parfois… mais tout cela est véritablement jubilatoire. Le choc des mots, le poids des dessins. Il faut avoir des tripes pour se permettre un ouvrage pareil. Un livre à offrir, exclusivement à des adultes avertis (vous l’aviez compris), mais surtout pas pour la Saint Valentin.