L'histoire :
Un soir d’hiver, dans un appart' en ville. Tandis que Fred fait le chat dans les bras de Blandine, Nicolas arrive au pied de leur immeuble. Il aide une petite vieille à monter son caddy dans l’ascenseur et regrette aussi cette charité d’âme, tant les questions inquisitrices de cette dernière lui cassent les pieds. Finalement, il arrive à la porte en même temps qu’Emilie et Margot. La soirée va pouvoir commencer. D’abord, il faut pousser les meubles et... se fumer une petite clope sur le balcon. Ce faisant, Nico et Margot papotent deux secondes de leur vie et repèrent du dessus l’arrivée joviale du gros de la troupe, déjà en train de faire la farandole sur le trottoir… Ça promet. Sans rien dire aux propriétaires des lieux, ils ouvrent la porte à l’aide de l’interphone. Dès lors, la fiesta est lancée. Un peu extérieur à cette émulsion, Nicolas reste dans sa bulle et contemple, entre agacement et tendresse, cette pratique sociale qu’est la fiesta, avec Abba à fond dans les esgourdes. Soudain, alors qu’il ne s’y attend pas, il tombe nez à nez avec son ex, elle aussi invitée. Un regard furtif, un peu gêné… et le besoin de retourner se fumer une clope sur le balcon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une histoire ordinaire, avec des gens ordinaires, qui passent une soirée de fiesta ordinaire. Cet album en one-shot pourrait se résumer à cela : il n’y a en effet pas beaucoup plus à apprendre de cette petite chronique sociale que la supputation de maternité de Blandine ou le rapprochement apparent entre Nico et Justine. Ah si : un type que personne ne connait passe sa soirée au téléphone portable… En fait, toute la valeur de cette histoire se trouve dans le non-dit, asséné avec exactitude et talent par le scénariste Loïc Deauvillier. Son fil rouge est ici le « fumage de clope sur le balcon » (d’où le titre). Eh oui, depuis les années 2000, on n’enfume plus son pair : c’est pas poli et pas très bon pour sa santé. Résultat : le balcon est souvent le dernier lieu où on peut poser et se pauser, faire le bilan du moment, adopter un œil extérieur… Les vestiges de ces multiples contacts, comme autant de preuves de partages, prennent la forme d’un gros tas de mégots, observé avec amusement par les anthropologues du lendemain. C’est dans la peau de ces scientifiques-là que Deauvillier nous invite à nous glisser, le temps d’une soirée urbaine… ordinaire. Certes, avec pour décor un appartement un peu dégarni, et pour héros des quidams standards, le dessin de Joël Legars est à l’antinomie du spectaculaire ou du peaufiné… Mais quelque part, cette discrétion graphique sert elle aussi la justesse d’un propos à la fois évident et authentique.