L'histoire :
Un soir de nos jours, un homme est accoudé au comptoir d’un bar. Lorsqu’un autre vient le voir en tenue de mousquetaire lui quémander un verre. Le patron s’en mêle et envoie l’inopportun promener : on ne dérange pas les clients. Une fois à la rue, l’échec se renouvelle. Le mousquetaire se voit refuser par les passant l’argent nécessaire. Le marginal finit pas s’asseoir sur un banc, songeur. Comme le temps passe vite. Il n’y a pas quatre cents ans, il baisait la main de la reine. Maintenant, il vit une époque, euh… une drôle d’époque quoi. Un peu plus tard dans la nuit, le mousquetaire est réveillé par des explosions. La ville est attaquée par des éclairs de feu qui déchirent de ciel. Au matin, le journal titre : « l’Invasion de l’Espace ». En fait d’invasion, on n'a encore vu personne. Mais les destructions sont déjà importantes. Au maire, un scientifique explique que les lasers, puisque de lasers il est question, ont été tirés de la planète Mars ! Le mousquetaire quant à lui est parti sonner le rassemblement et plus précisément à la porte d’un ami. Reçu dans un bureau cossu, Athos le mousquetaire est surpris de constater le peu d’allant de son compagnon : depuis la mésaventure de Porthos, Aramis s’est embourgeoisé et il a oublié leur fameuse devise. Il ne faudra pas compter sur lui pour défendre la planète contre les martiens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du grand n’importe quoi ! Voilà résumée la prime impression faite par cet album. Côté graphique, le feu d’artifice de couleurs vives surprend, Jason ne nous ayant point habitué (et pour cause, elles sont signées Hubert !). Le trait est sinon « très » classique, les faciès des personnages immuables et ni le découpage, ni les cadrages, ne surprennent (un bémol pour le lettrage de couverture). Côté scénario, c’est Alexandre Dumas et ses mousquetaires revus et corrigés au pays des petits hommes verts, les Martiens menaçant en effet via un canon laser surpuissant d’anéantir la Terre. Rien moins que cela ! Avouez qu’un tel Jason surprend cette fois, non ? Du grand n’importe quoi donc, de prime abord, pourtant comme le vend l’éditeur : « le Dernier Mousquetaire est sans doute le plus beau livre de Jason ». Accessible à tous selon plusieurs niveaux de lecture, cette intrigue aux accents Kafkaïens, pseudo philosophique (pensez à Donjon en BD), propose une tragi-comédie simplement géniale. Remarquablement construite (le final en écho à l’interrogation soulevée d’entrée, en est une preuve) autour des valeurs humaines et républicaines de solidarité et de fraternité, elle met par ailleurs en avant l’Histoire et la mémoire, le rôle bien défini de chacun (ici chacun des figurants tient une posture caractéristique, du lâche obéissant au héros sans peurs et sans reproches en passant par le philosophe-roi mégalomane). Complètement stupide mais carrément génial, une lecture aussi bête que jouissive : un pour tous et tous pour Jason ! Envers et contre tout…