L'histoire :
Par un bel après-midi d’été, dans une vallée de la campagne vietnamienne. Des enfants jouent avec une anguille échouée de la rivière voisine. Ils s’apprêtent à lui écraser la tête d’une pierre quand intervient un voyageur à la tête de singe. Il ressemble à s’y méprendre au roi singe des légendes. Mong Khéo – puisque tel est son nom – fait la morale aux enfants. Les forts ne doivent pas opprimer les faibles. La souffrance est le lot de tous. Lui qui est plus fort (et âgé) les bat-il pour autant ? Mong Khéo rend l’anguille à la rivière, puis poursuit sa route. Arrivé au village le soir venu, il s’arrête déguster une bonne soupe. Non loin de sa table, un jeune homme cette fois est agressé par une bande de voyous. Hésitant d’abord à s’interposer jusqu’à ce qu’il soit lui-même pris à partie, Mong Khéo administre une sacrée rouste aux voyous. Le jeune agressé file, lui, sans demander son reste, sans même un merci. La scène n’a cependant pas échappé à une vielle femme qui invite le justicier à se restaurer à ses frais. La grand-mère attend un service en retour : qu’il retrouve sa petite fille disparue depuis deux jours déjà…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clément Baloup publiait jusqu’à présent aux éditions de la Boîte à bulle. Le voici à présent chez Carabas. Preuve que le garçon a été remarqué – avec tout le respect que l’on doit aux éditions de la Boîte à bulle. Preuve que le travail paie. Preuve enfin que l’artiste a du talent. Du talent, c’est certain et une passion immodérée pour le Vietnam. Ses œuvres précédentes parlaient d’Hanoï, de Saïgon (Un automne à Hanoï, Quitter Saïgon), d’ailleurs là-bas encore (Le chemin de Tuan) ; il explore ici un peu plus ce pays riche d’histoire sous l’angle – au départ – des campagnes où naissent fantaisies et légendes. Mong Khéo raconte l’odyssée d’un « vaurien » et c’est peu de le dire. Du haut de son grand âge (non-dit mais certain), il ressemble au roi singe des contes (comme le remarquent de suite les enfants), il mange comme quatre, boit autant, pratique la boxe de l’homme ivre et pense toujours à sa pomme en premier ! Son précepte : N’oublie jamais de prendre quand il le faut tes jambes à ton cou ! Néanmoins, le voyageur est aussi un justicier fort et courageux. Un parfait (anti-)héros venu d’Asie. Cette première partie de diptyque vous embarque dès les premières pages et on lit le reste cul-sec. L’histoire est simple, presque éculée, mais le ton est bien trouvé, pas banal et malicieux. Le trait est fin, soigné, et la mise en couleurs (directes) confère légèreté et personnalité à l’ensemble. Les tons choisis sont à dominante gaie, enlevée. Les planches respirent et donnent de l’allant à la lecture. Lumineuses, gorgées de roses, de rouges, de verts et marrons couleurs terre. Rafraîchissant, Mong Khéo débute sous les meilleures auspices : la suite de même et sans tarder, s’il vous plaît, Monsieur Baloup !