L'histoire :
Alex, alias Terry, est au fond du trou. Sa vie professionnelle est un calvaire, sa vie conjugale un désastre et il réfrène de plus en plus difficilement ses pulsions sexuelles. Pourtant, il semble qu’une lueur d’espoir se manifeste dans la grisaille. En effet, son supérieur hiérarchique qui le harcelait de manière féroce, Mr Glomel, a été sauvagement assassiné avec toute sa famille. Deux flics enquêtant sur l’affaire ont interrogé Terry, car son emploi du temps nocturne reste très vague… En vain. De toute façon il s’en fout : depuis lors, il revit au boulot. Il lui semble d’ailleurs qu’une ouverture se produit avec Danielle, la petite comptable. Le corps de cette dernière et les petites tenues affriolantes sous lesquelles il entrevoit les pointes des tétons, l’affolent totalement. Du coup, Terry occulte l’image de sa femme Mélinda, apathique droguée aux soaps télévisés depuis l’annonce de la stérilité de Terry. Il confie son exaltation à son véritable ami Marco, un colosse agoraphobe, encore plus névrosé que lui – ce dernier habite reclus dans une unique pièce sombre, au milieu de ses propres immondices. Un jour, Terry tente une approche en sonnant au domicile de Danielle, un bouquet de fleurs à la main. Or, c’est le futur époux qui ouvre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La logique de progression des couvertures (on a aussi vu celle du futur t.3) est tout un symbole : si le héros se rapproche au fur et à mesure de la lumière, cela se fait dans une douleur croissante. Dans ce second volet (sur 3 prévus), Jean-Christophe Pol poursuit la trame du thriller social noir, très noir, alternant cette fois l’introspection chez Terry et chez Melinda. On assiste alors au réveil excessif d’un anti héros refusant sa sinistre condition. Sujet de toutes les humiliations, réceptacle atone d’un passé accablant, Terry est devenu pire qu’un chien. Il est à présent contraint à l’exultation, comme une cocotte minute qui explose. Un psy aurait d’ailleurs du pain sur la planche à analyser les névroses et les psychoses de tous ces personnages perturbés. L’épanouissement se ponctue à chaque épisode d’un crime atroce, qui contribue à débarrasser Terry de ses démons : à la tyrannie du travail, succède le dictat des pulsions. Pour l’intrigue policière, si on se doute que Terry est lié aux carnages meurtriers, on ignore encore de quelle manière (est-ce son Mister Hyde ? son pote Marco ?). Le thriller n’est cependant pas le seul atout du (futur) triptyque. Au-delà de la démence salutaire du héros et en parallèle de l’enquête, JC Pol nous transmet un véritable mal de vivre au sein de notre société moderne. Un exutoire ? Visuellement, le décorum urbain est morose, étouffé par la pollution marketing et atmosphérique, écœurant jusqu’à la nausée. Pour accompagner l’introspection et transmettre les états d’esprits successifs, JC Pol n’hésite pas à déstructurer totalement le découpage des planches, dans des excès de violence graphique. Ces délires, parfois un peu « faciles », véhicules pourtant à la perfection les différentes phases de bouillonnement intérieur, les fantasmes bombardés d’images freudiennes. Un ouragan de rages, d’amours, d’envies… A découvrir d’urgence !