L'histoire :
Ultréquinoxe est une cité grise, bâtie au milieu des flots et simplement reliée au continent par un interminable pont. Chaque année, la ville vit au rythme de son fabuleux carnaval. A cette occasion, la cité ouvre ses portes à ceux du continent qui arrivent en train par millier. Chacun, outre la splendeur de la fête, espère être retenu au banquet. Puis, peut-être, à cette occasion, devenir un « Ultréquinoxien » permanent. On dit qu’entre ces murs, le temps n’existe pas et qu’on peut y retrouver ce que le monde nous a pris… Mais pour que s’anime la fête, il faut la préparer. Et c’est justement la tâche des appariteurs, dont on attend bientôt l’astronef, le majestueux Pélican. A son bord, on s’affaire, telle une joyeuse bande de petites fourmis. Le capitaine s’étonne simplement qu’une grosse boîte fasse partie du convoi. L’objet n’est pas répertorié dans le registre, il est donc plus prudent de le jeter à l’eau. Luc et Mathieu, deux des appariteurs, ne sont pas vraiment d’accord : l’objet leur a été confié par le Maire d’Ultréquinoxe et ils ne veulent pas échouer dans leur mission. Aussi, lorsque la boîte tombe à la mer, ils n’hésitent pas une seconde et plongent à leur tour. Pas facile, désormais, de regagner la ville, accrochés à leur boîte flottante, dont la volumétrie varie curieusement. Ils doivent se débrouiller pour attraper le train qui conduit les futurs participants au carnaval. Mais surtout, retrouver le Maire. Ils sont impatients de connaitre le contenu de ce cube mystérieux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas surprenant que François Schuiten adoube, avec beaucoup de tendresse (en 4e de couverture), cette nouvelle venue dans le 9e art. Ce premier album a le joli parfum de l’univers qu’il déploie avec son compère Benoit Peeters depuis des années. Un petit quelque chose des Cités Obscures, ce doux mélange de mystère, de fantastique, d’absurde et de poésie. Car ici aussi, il s’agit bien d’une ville. Une île, peut-être, attirant chaque année pour son carnaval la populace venue en nombre du continent. Il semble en effet qu’Ultréquinoxe puisse guérir de nombreux maux. Peut-être. En tous cas, chacun rêve d’être tiré au sort pour en devenir un citoyen permanent. Mais dans ce premier épisode, tout cela est encore un peu confus. Peut-être, tout du moins, pas nécessaire pour Daria Schmitt, qui préfère centrer le propos sur un mystérieux cube de taille variable, dont l’arrivée déclenchera des changements politiques au cœur de la cité. Cet étrange dé, le jeu des bouleversements qui s’opèrent, intriguent et questionnent sans pour autant convaincre vraiment. On se perd bien rapidement dans les méandres du scénario, dans les redondances du récit… On se lasse et on a surtout très peur que tout ça, au final, ne sonne profondément le creux. La balade est toutefois agréable, dépaysante à point, car portée par de jolis coups de pinceaux. Graphiquement, l’ensemble séduit réellement. L’univers liquide est superbement rendu, les planches conçues pour nous faire profiter des peintures. Mais ça manque (pour l’heure) d’une histoire accrocheuse et de personnages attachants. A suivre donc sur la pointe des pieds…