L'histoire :
Dans un musée, un enfant est complètement absorbé face à un tableau, le boeuf écorché, de Soutine. Hypnotisé, l’enfant est interrompu par sa mère au moment où il tend la main pour le toucher. Sa mère reproche à Jean-Marc de passer trop de temps dans ce musée. Alors qu’elle l’amène faire une balade en montagne, celui-ci s’éloigne et grimpe tout en haut du petit pic, sous les remontrances de sa mère. Il tombe amoureux de la montagne. Trois ans plus tard, son ami Sempé vient le chercher pour faire une voie d’escalade. Jean-Marc Rochette n’a pas de matériel, ils l’empruntent à un camarade qui est déjà un grimpeur chevronné, Eric Laroche-Joubert. Les amis prennent du plaisir, et Jean-Marc fait des efforts à l’école pour que sa mère lui achète du matériel. Mais au lycée, Jean-Marc choque par son esprit libre et les dessins qu’il propose. Puni à plusieurs reprises, sa mère n’a d’autre choix que de le mettre en internat. Mais Jean-Marc fait le mur et continue de grimper avec son ami Sempé. Un soir, alors qu’ils dorment à la belle étoile, ils se promettent de faire ensemble le pic d’Ailefroide, un monstre magnifique à près de 4000m d’altitude. Une vie dédiée à la montagne et au dessin vient de commencer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Marc Rochette est un monument de la BD, de l’underground d’Actuel au planétaire Transperceneige, en passant par son écœurant Edmond le Cochon pour l’Echo des Savanes. Pourtant, Rochette se destinait plutôt à un autre métier : guide de montagne. Elevé à Grenoble, l’appel des montagnes était naturel pour lui. Mais la vie décide autrement et, à force de voir ses amis disparaître, de risquer régulièrement la mort, Rochette a finalement trouvé sa voie dans la bande dessinée, après un voyage aux Etats-Unis. C’est un album poignant qu’il nous livre, un récit qui prend peu à peu aux tripes. On a pourtant du mal, au début, avec un récit âpre, sec, une langue simple et un jeune héros qui semble renfrogné. Mais son histoire avec la montagne l’ouvre et le transforme progressivement. Et c’est avec passion que le lecteur suit ses aventures, et elles sont nombreuses. Le lecteur tremble devant les risques pris par le héros et ses amis. Le dessin, aéré et réaliste, de Jean-Marc Rochette est assez agréable. Son coup de pinceau est précis, avec des couleurs profondes et des cadrages remplis de l’amour de l’auteur, on le sent bien… C’est surtout la montagne qui bénéficie du passage à la peinture. Les paysages de l’Oisans semblent vivants. Cette relation entre l’auteur et la montagne est riche et transparaît à travers son récit intimiste, mais pas voyeur. Cela reste un récit de montagnard ! Mais les références aux amis disparus, à la mère pas toujours comprise, sont très sensibles. Finalement, avec quelques belles photos d’époque et une postface d’alpiniste écrite par son ami Bernard Amy, c’est un magnifique album que nous offre Rochette.