L'histoire :
1906, San Francisco… Conrad Horswooth fait connaissance avec Monsieur Fairchild, un riche bourgeois qui l’a engagé en tant que précepteur, pour qu’il s’occupe de son fils Arturo. A peine arrivé, pourtant, il apprend de la bouche de son employeur que l’enfant est gravement malade et que, de fait, il n’a plus aucune utilité. Pourtant, Fairchild souhaite qu’il reste au domaine. Il lui paiera ses gages en échange de son unique présence, qui semble bénéfique au jeune garçon. Peut-être, l’enfant pense-t-il ainsi que sa guérison ne fait aucun doute, puisque son précepteur n’est pas congédié. Conrad en profite alors pour décliner le mot oisiveté sur tous les tons : terrasse de café, bord de mer, librairie, longues heures au fond de ses draps avec, en prime, un salaire plus que décent. Néanmoins, Conrad s’ennuie rapidement. En outre, chaque nuit, il perçoit d’étranges bruits émanant de la chambre du jeune Arturo. Il essaie bien d’en savoir plus auprès des domestiques, mais il n’obtient presque rien. On lui indique simplement que l’enfant ne quitte pratiquement pas sa chambre et que, surtout, il ne doit jamais s’aventurer dans le parc dans lequel réside un mystérieux danger. Évidemment, Conrad se fait un devoir d’explorer le fameux parc. Il y découvre une jolie maison de chasse qui lui semble abandonnée. Et sans trop savoir pourquoi, il ne tarde pas à y passer la plupart de ses journées. Un matin, il voit une femme y pénétrer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plutôt habitué à servir du one-shot épais et nerveux, le label KSTR innove en proposant avec Les âmes sèches une salve de 3 albums, en 3 mois et 3 « pinceaux » (une 2e « saison » de 3 nouveaux albums est même d’ores et déjà en préparation !). Aux commandes de cet intrigant récit, Antoine Ozanam se montre une nouvelle fois particulièrement habile à distiller son intrigue, grâce à une narration fouillée instillant le rythme juste ce qu’il faut. Ainsi la voix off, principal instrument de notre scénariste-conteur, s’amuse avec le dessin. L’une et l’autre jouent alors parfois sur la même planche leur propre partition (un récit en mots + un en images). Loin de nous perdre, ce procédé découpe ou reconstitue avec malice le puzzle du mystère en l’agrémentant d’étrange, option frisson… Confié (pour ce tome, donc) à Alberto Pagliaro, le dessin se veut impeccablement fidèle aux velléités fantastiques, cauchemardesques ou doucement dérangeantes du récit. Naturellement séduisant et surmonté d’une excellente colorisation, il parvient à prolonger l’immersion dans un univers mi-horrifique, mi-policier pouvant faire penser à celui d’Edgar Allan Poe. L’histoire qui débute ici, quant à elle, nous emporte au début du siècle dernier à San Francisco. On y suit, pas à pas, l’étrange rencontre d’un jeune précepteur, Conrad, et d’une envoutante et mystérieuse jeune femme, Pandora. C’est son frère qui, par le biais des lettres qu’il a reçues de son cadet, nous en fait le détail, pour une aventure mêlant amour, histoires de familles, lutte du bien contre le mal, sciences occultes, contrôle d’un démon et étrange maladie…Bien difficile pour l’heure de savoir où tout cela nous mènera. Mais les personnages ont du coffre, nombre d’atouts dans les manches et le rebondissement est correctement manié. Pour qui aime les saveurs fantastiques de ce calibre, aucune raison, donc, de se priver. Le cliffhanger final invite, du reste, malicieusement à un nouveau repas. Bref : diablement intriguant et joliment servi…