L'histoire :
Francisca, étudiante, attend avec ses copines sur le banc d’une ville de province, sa copine Helena qui vient de passer un casting régional pour participer à une émission de téléréalité nationale. Quand elle sort, plutôt satisfaite d’elle, Helena et ses copines sont hélées par des potes de l’autre côté de la rue. Rendez-vous est pris à distance, pour le soir même, au « Roméo ». Francesca sort son portable et appelle aussitôt son vieux pote d’enfance, Bruno. Elle tente de le décider à les accompagner le soir, pour le sortir un peu de la rigueur de ses études. Mais Bruno n’a pas envie. Les boîtes, le bruit, le tumulte, c’est vraiment pas son truc. Francesca est déçue, mais elle revient à la charge en lui rendant une petite visite. Dans l’obscurité de sa piaule, il mate des DVD. Ça, c’est son truc. Ils papotent un peu, de tout, de rien… Et le soir, Francesca sort en boîte tandis que Bruno mate ses DVD. Le lendemain, Francesca envoie un SMS à Bruno : il faut qu’elle passe lui raconter la pure soirée qu’elle a passée et lors de laquelle elle a rencontré un mec bien. Elle débarque plus tard, mais toute déconfite : a priori, le mec « bien » est un pur connard, elle a besoin d’être consolée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, Bastien Vivès nous livre un récit intimiste-social-contemporain qui procède plus de l’expérimentation en matière d’art séquentiel, que d’une réelle originalité de scénario. En effet, l’amour que deux jeunes gens n’osent pas se révéler, mais qui irradie alentours, est un petit classique qui a fait couler des hectolitres d’encre à travers tous les modes narratifs de notre civilisation. L’originalité insufflée par Vivès tient ici aux tempos de la mise en scène, aux postures, aux regards, aux non-dits… Tout cela respire incroyablement l’authentique, jusque dans les dialogues inutiles, mais tellement vrais. Vivès partage donc avec le lecteur une nouvelle forme de point de vue subjectif. Celui-ci est certes moins frontal que dans son précédent Dans mes yeux, mais il procure le même trouble de participer à une sorte de voyeurisme. C’est la spécialité de Vivès ! On a beau y être préparés (Le goût du chlore avait d’ailleurs révélé cette subtilité), ça fait toujours un petit quelque chose, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Pour varier les plaisirs, Vivès expérimente également 2 nouveaux traitements graphiques. Oubliés les aplats décalés du Goût du chlore, ou les « crayons de couleurs » de Dans mes yeux : il alterne cette fois un trait réaliste spontané et jeté (a priori, à la palette graphique) pour la trame au présent, et des planches en flashback ultra-floutés, sur lesquels il faut se fier aux seuls dialogues pour comprendre de quoi il retourne, afin de souligner l’évanescence des souvenirs. Bref, Amitié étroite est un travail astucieux, réussi, pionnier et néanmoins grand public, en matière d’évolutions de l’art séquentiel. Petite mise en garde : quelques scènes intimes réserve ce one-shot à un public mature.