L'histoire :
Un dérèglement climatique brutal et généralisé du nom de « coup de sang » s'est abattu sur la terre. Depuis, la terre est dévastée par des catastrophes naturelles plus importantes les unes que les autres. La survie et la recherche d'eau potable sont devenues des préoccupations primordiales. Dans cette optique, les Hommes cherchent ce qu'ils appellent des « eldorados », c'est-à-dire des lieux géographiques qui semblent ne pas subir les conséquences ou l'influence des catastrophes naturelles. Or l’un des moyens pour rejoindre ces lieux est la mer. Parmi les survivants, Ana pozzano tente de rejoindre un de ces paradis, le détroit D17, grâce à son navire Adria IV. Au départ de l'expédition, Ana était accompagné de Michelangelo, son mari (violent), mais ce dernier fut tué par un tsunami d'air dans lequel se trouvait un banc de bébés espadons. Maintenant, le seul compagnon qu'elle ait, c'est Omar, un robot majordome qui a la forme d'un homard. Ce dernier lui apprend alors qu'un mammifère marin s'est introduit dans la soute, en passant par le lance-torpilles. Ana stoppe ses activités et se rend armé en soute pour voir de quoi il retourne. Là, un homme sort du corps d'un dauphin et se cache. Lorsque la jeune femme arrive, l'homme lui saute dessus et la tue par accident, car il possède encore la force animale du dauphin et n'a réussi à maîtriser sa force. Alors qu’il réfléchit à la suite des évènements, un navire entre en collision avec le sien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette nouvelle aventure en one-shot, Enki Bilal nous a concocté un savant cocktail de genres. Futur probable, avec la terre qui se détruit de partout à cause du climat ; western avec des personnages charismatiques qui traversent la terre en tentant de survivre ; science-fiction avec les packs de mutation que les nantis peuvent s'offrir et qui permettent de passer du règne humain à celui d'animal (et inversement) ; horreur enfin, avec une ville détenue par une famille cannibale… Ce mélange est néanmoins parfaitement maîtrisé et réussi, conférant au récit la dose de rebondissements nécessaires pour captiver le lecteur du début à la fin. Les personnages qui tentent de survire individuellement au départ, puis ensemble dans un second temps, ont tous un charisme et une psychologie particulière, qui donnent envie d’en apprendre plus. Certes le récit est un peu difficile à suivre au départ : ce dernier accumule les séquences distinctes… mais dès qu'ils se rencontrent, la question ne se pose plus et l'histoire peut débuter. Le tout est dessiné essentiellement au crayon noir et aux pastels gras, accordant un résultat bleu-gris prenant corps dans de larges cases (souvent des demi pages complètes), déstabilisant pour les non-initiés. On finit néanmoins par s'habituer assez vite à ce visuel (la Bilal’s touch) qui colle parfaitement au ton sombre de l'histoire. Un très bon album, qui s'étale en outre sur une centaine de pages, pour le plus grand plaisir des fans…