L'histoire :
Anita Conti, fille d'Alice et de Léon, voit le jour en 1899 à Ermont (France). Ses parents choisissent le prénom en référence à la grand-mère de Jésus, qui se serait, selon la légende, retirée en Bretagne pour devenir la sainte patronne des femmes. Un ami leur rétorque en rigolant : « Et vous espérez la faire marcher sur les eaux votre Anita ? ». Sans le savoir, il n'aurait pu dire mieux ! A peine née, la petite Anita fait un drôle de baptême : son père la lâche dans la mer, pour sa bonne santé, mais aussi afin qu'elle découvre le plus tôt possible le monde aquatique. Ce même ami se rassure, c'est une femme et heureusement elle n'aura jamais à affronter la mer... En grandissant, Anita est fascinée par la mer, par les bateaux. Elle se désole cependant de voir les marins revenir avec des caisses qui sentent le poisson, mais qui n'en contiennent que des morts. Et puis, elle découvre aussi la pêche. Les garçons qui lui montrent lui en disent plus sur les espèces pêchées, notamment sur les anguilles. Là-encore, l'enfant se questionne : n'est-il pas triste de les empêcher de se reproduire ? Sûrs d'eux, ils lui répondent qu'il y en a des milliers dans la mer, et que ce n'est pas leur petite pêche qui va les gêner ! Alors qu'ils fanfaronnent, ils sont attaqués par un requin, qui les fait passer par-dessus bord. Ils sont récupérés par un marin plus aguerri. Le requin pèlerin qui s'est approché d'eux ne mange que du plancton, ils n'ont rien à craindre. Anita prête main-forte pour écoper, et pose de nombreuses questions. Lorsqu'on lui dit que c'est un véritable garçon manqué, elle préfère affirmer qu'elle est une fille réussie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Catel et Bocquet ont forgé une collection, Les clandestines de l'Histoire, qui regroupe plusieurs épais romans graphiques en noir et blanc. Ces derniers focalisent sur la vie d'illustres femmes qui ont marqué les époques. On y trouve le destin de Joséphine Baker, d'Olympe de Gouges ou encore de Kiki de Montparnasse. Les auteurs s'attaquent cette fois à Anita Conti, un nom qui, pour la majorité d'entre nous, reste inconnu. Pourtant, elle a été l'une des pionnières de l'océanographie et s'est lancée dans des expéditions scientifiques, alors que cela était réservé aux hommes... L'ouvrage retrace sa vie, de sa naissance jusqu'à sa disparition. L'occasion pour nous de la voir évoluer et de comprendre que l'océan est dès son plus jeune âge au cœur de sa vie. Cette passion et cette fascination arrivent très tôt et ne la lâcheront plus. Lanceuse d'alerte, elle se préoccupe de l'environnement, de la faune et de la flore marines. Elle s'indigne de la surpêche notamment et propose des solutions pour vivre davantage en harmonie avec l'océan. Également photographe, elle est à l'origine de milliers de clichés sur cet environnement marin. Lire une biographie peut s'avérer pénible. Mais le talent de Catel et Bocquet est de nous proposer des instants clés et charnières de la vie de ces femmes, pour mettre en avant la pluralité de leurs actions et leur impact sur l'Histoire, le tout avec, certes, une pagination conséquente, mais le chapitrage et le découpage facilitent la prise de connaissance de ces parcours de vie. Les dessins en noir et blanc sont lisibles et mettent en avant les personnages. Cette collection nous permet de découvrir des femmes oubliées, d'une manière agréable, mais néanmoins avec une grande précision dans la documentation.