L'histoire :
Anton Blake, auteur d’un daily strip à succès (BD de 3 ou 4 cases paraissant chaque jour dans un grand quotidien), est sur le point de se marier. Tandis qu’il s’habille pour la cérémonie, il fait l’apologie du grand amour à son meilleur ami Lester. Il se sent en parfaite harmonie avec sa future, Tamara, avec qui il partage tout depuis 12 ans. En arrivant à l’église, il apprend le drame : Tamara vient de se suicider. Totalement accablé, il sombre dans une dépression dont ses amis peinent à l’en sortir. Il tente néanmoins de comprendre les raisons qui ont poussé Tamara au suicide. Dans la poche d’une de ses robes, il découvre des photos d’elle, posant nue. Il soupçonne alors Lester d’avoir entretenu une liaison avec elle et s’empresse d’aller demander des explications à ce dernier. Tandis qu’il file en voiture sous une pluie battante, perdu dans ses pensées il écrase malencontreusement un clochard. Descendu pour aider sa victime, il apprend d’un témoin qu’un autre véhicule l’avait percuté et tué bien avant lui. A ses côtés, il ramasse une enveloppe trempée, contenant une lettre d’amour. L’enquête révèle alors que le malheureux était un ancien écrivain, autrefois emprisonné pour avoir violé une mineure…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec son trench-coat délavé et sa barbe d’une semaine, Anton Blake colle plus à l’image du détective qu’à celui d’auteur de strips. C’est d’ailleurs à ce rôle que le héros devrait être cantonné au sein de la série. Car, plus qu’un dessinateur de comics, Anton Blake est dorénavant Le détective des sentiments. Chaque épisode proposera une enquête complète dans laquelle s’immiscera des éléments de sa quête personnelle : comprendre ce qui a motivé le suicide de Tamara. Imaginée par le prolifique scénariste argentin Carlos Trillo, cette première histoire est donc très dense. Elle met en place des personnages à la psychologie particulièrement soignée et résout intégralement une première intrigue policière. Cette dernière se révélant assez classique, on retient surtout de ce premier épisode le traitement graphique du jeune dessinateur Juan Bobillo. A partir de crayonnés réalisés d’une main tremblotante, mais en définitive très précise, il applique directement ses couleurs à l’aquarelle. Le résultat est comme « éthéré », tandis que les traits du brouillon original n’ont pas été gommés (notamment les emplacements des bulles). Ce style un peu brut surprend au prime abord, mais colle finalement à l’ambiance maussade du polar.