L'histoire :
Fin juillet 1797, l’ambition général Bonaparte est en visite à Venise, en tant que vainqueur de la campagne d’Italie. Il y a fait la connaissance d’un jeune et brillant pianiste prénommé Arno. Entre eux deux, le courant passe immédiatement. Si bien qu’Arno se retrouve invité le soir même à aller jouer du piano dans les appartements du général en chef des armées du Directoire. Il ignore alors qu’il va incarner un sauveur providentiel, en déjouant un attentat fomenté par la conspiration du « pique rouge ». La nuit tombée, en effet, un individu cagoulé fait descendre une bombe par un conduit de cheminée, jusque dans l’appartement du général où Arno joue du piano. Puis il allume la mèche… mais Arno repère l’étrange paquetage juste à temps et il sauve la vie de Bonaparte. La garde républicaine s’empresse alors sur les balcons pour tirer sur le terroriste. Touché, celui-ci tombe à l’eau. Il sera repêché mort quelques heures plus tard, avec une carte à jouer sur lui : un huit de pique, dont un pique est coloré en rouge. Bonaparte et Arno deviennent à partir de ce moment de fidèles amis. Et en raison de cette amitié, Arno ne cessera de croiser les conspirateurs du pique rouge. Dans les jours qui suivent, son ami Sylvio est ainsi la funeste victime d’un guet-apens tendu en gondole. N’écoutant que son courage, Arno enquête et parvient à s’infiltrer dans une réunion secrète des conspirateurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au milieu des années 1980, alors même qu’il réalisait en auteur complet sa série culte Alix et scénarisait Lefranc pour Gilles Chaillet, Jacques Martin créait des séries pour deux autres personnages historiques : Jhen, architecte sous la Renaissance, dessiné par Jean Pleyers, et Arno, musicien durant le Directoire et le Consulat de Napoléon Bonaparte, pour les crayons d’André Juillard. Ce sont les trois premiers épisodes de cette série (qui en comptera 6 au total, avec une seconde trilogie parue dans les années 90) qui se trouvent recueillis dans cette intégrale. Le talent artistique de Juillard pour la ligne claire est alors exquis. Que ce soit à Venise (dans le 1er album), lors de la campagne d’Egypte (dans les deux suivants) ou la lande anglaise (la fin du tome 3), ses reconstitutions historiques sont documentées, ses cases équilibrées, ses personnages à la fois expressifs, crédibles, vivants… Un pur bonheur pour les amateurs de beaux dessins attachés aux épiques reconstitutions historiques. En revanche, au niveau du scénario, on ne peut que constater qu’il y a un fossé impressionnant entre la manière de narrer d’antan et le 9ème art d’aujourd’hui. Les aventures d’Arno dans l’ombre de Napoléon Bonaparte empilent de courtes séquences de péripéties totalement rocambolesques et invraisemblables, de manière linéaire et verbeuse. Le summum étant atteint dès le début, lorsqu’il est sauvé de la noyade par des inconnus (qui deviendront ses amis), alors qu’il est ligoté et lesté au fond de la lagune de Venise. Même pas mal.