L'histoire :
Bien qu’encore jeune, Billy Lavigne est un excellent cow-boy au service de Ford, un puissant propriétaire de chevaux à Clarendon, en 1893. Aucun autre que lui ne parvient à dresser 10 mustangs sauvages en une seule matinée. Cependant, un télégramme lui apprend que sa mère Maggie est morte, noyée, alors même qu’il est parti livrer des chevaux à Amarillo. Ford et le capitaine Thorpe, les deux hommes qui font réellement régner la loi dans ce coin aride du Texas, ne peuvent pas attendre son retour avec un cadavre qui moisit au soleil. Ils obligent Keller, le nouveau compagnon de Maggie, à creuser sa tombe. Ils le tiennent pour responsable de sa noyade : les deux amants étaient assurément saouls. Keller a beau expliquer au shérif que c’était un accident, qu’elle s’est coincée le pied dans une racine et que le courant l’a emportée… il n’est guère convaincant. Billy pousse sa jument Comanche au triple galop pour rentrer le plus vite possible à Clarendon. La pauvre bête s’écroule à moitié morte dans son étable. Billy va aussitôt trouver Keller pour avoir des explications. Il lui casse la gueule, devant tous les autres employés du ranch. Ford et Thorpe les séparent et remettent un peu d’ordre. Ford propose à Billy de venir loger quelques temps chez lui. Billy sait que l’un des deux hommes est son père naturel… mais il ignore lequel. Puis Thorpe accompagne Billy jusqu’à la tombe de sa mère, dans le pré à côté de sa cabane.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après La Femme à l’étoile, plébiscité par la critique, Anthony Pastor nous livre un nouveau western époustouflant ! Billy Lavigne s’inscrit en fait dans une trilogie dédiée au western, au sein de laquelle chaque tome est indépendant et auto-conclusif. Une troisième aventure viendra donc boucler la boucle dans quelques mois. En couverture, l’auteur fait un gros clin d’œil à la toile de Géricault, Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant. Evidemment, le propos est tout autre… mais dans cette histoire, Billy Lavigne se positionnera comme cet officier qui refuse un combat biaisé, en regardant vers l'arrière. Le jeune cowboy héros apprend d’emblée la mort de sa mère. Est-ce un féminicide ? Il se jette dès lors dans une quête de vérité et de vengeance, au sens large. Il doute certes de la version de la noyade accidentelle, mais surtout, il se méfie des apparences. Il réagit alors violemment à une situation qui le place en porte-à-faux avec les deux figures patriarcales du patelin, dont il sait que l’un d’eux est son père… mais il ignore lequel. Le scénario est une histoire de deuil infernal, une pure tragédie shakespearienne, ponctuée de rebondissements. Il lui faut « tuer le père » – au sens symbolique – mais lequel ? Ce tourment initiatique s’accompagne d’un dessin fabuleux, qui s’inspire régulièrement, dans sa technique de peinture, de Van Gogh. Pastor n’hésite pas à nous camper des panoramas pleines pages, avec des ciels d’orages tourmentés ou des déserts écrasés de chaleur. Les protagonistes sont des archétypes charismatiques, l’ambiance est pesante, les cadrages cinématographiques, les éléments de décor hyper crédibles, le suspens monte croissant… Tout en respectant et en assumant les codes du western, Pastor affirme avoir voulu déconstruire le mythe viriliste du cowboy et le modèle patriarcal du western. Quel souffle épique et quel pied !