L'histoire :
Désormais, Kameron Obb se terre à Lampedusa. Il n’est plus le même depuis quelques temps et une voix s’exprime également en lui. Il n’est plus seul et ils sont plusieurs, à l’image des nombreuses couleurs qui s’entremêlent dans son cerveau. La couleur bleue domine totalement son visage et la tache a fini par s’étendre. Le majordome vient lui/ leur annoncer que le repas va être préparé. Il avec l’autre vont devoir manger seul(s), en revanche, car le directeur de l’hôpital est souffrant. Ils voudraient prendre de la murène crue, quelques oursins et des pouce-pieds, mais cela est impossible. Ils devront se contenter de chair humaine extra. Pendant ce temps, Kameron est toujours la personne la plus recherchée dans le monde, à commencer par sa fille Gemma. Beaucoup s’inquiètent de l’état dans lequel ils vont retrouver Kameron. Des rumeurs disent qu’il a perdu l’esprit et qu’il ne sait même pas comment il s’appelle. Un des groupes de recherche a une idée d’où se trouverait celui qui pourrait sauver le monde...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On l’attendait avec impatience : l’avant dernier tome de la série d’Enki Bilal, Bug. Le tome 4 joue sur les mêmes ressorts narratifs : des phénomènes étranges, un personnage hors du commun, une chasse à l’homme mondiale. L’imagination futuriste et anticipatoire de Bilal se fait quasi surréaliste tant certaines scènes sont hermétiques. Même les personnages disent qu’ils sont perdus et qu’ils ne comprennent pas. Pourtant, on nage dans cette histoire en restant fasciné par le monde déployé. Au final, l’ensemble se tient bien et de nombreux événements relancent le récit avec notamment une nouvelle donnée : la présence de la planète Mars et un sacré finish à la clef. Bug c’est aussi un peu une somme graphique des œuvres de Bilal, comme s’il s’agissait de son livre testament. On y retrouve, non sans émotion, des clins d’œil à ses séries précédentes : le cauchemar façon Tétralogie du monstre, l’importance des poissons dans Coup de sang ou encore la tache bleue qui envahit tout l’être de Kameron qui devient quasi l’avatar de… la Femme piège avec le visage de Nikopol. C’est une chose assez unique que des œuvres reviennent de façon aussi forte, comme si elles hantaient et l’auteur et le lecteur. L’album atteint des sommets de poésie graphique quand Bilal abandonne tous les codes de la BD pour proposer des tableaux surréalistes, reflets inquiétants de l’âme humaine. Plus qu’un tome pour découvrir le grand final.