L'histoire :
Le chant des grenouilles : Situé à la périphérie d’une grande ville chinoise en pleine explosion industrielle, un collège accueille 90 enfants venus de la campagne. L’un d’entre eux, Pan Ming, est soupçonné par les professeurs de se faire la malle chaque nuit. Ces sorties nocturnes seraient-elles en lien avec la disparition de sous-vêtements féminins ? A la nuit tombée, l’un des professeurs s’apprête à le prendre en flagrant délit…
The King of Kowloon : Tsang Tsou-Choi découvre dans son arbre généalogique, que Kowloon, un quartier de Hong Kong, appartenait à ces ancêtres. Dés lors, il réclame, preuves à l’appui, ce bout de territoire. Devant le refus narquois des autorités, il décide de recouvrir la ville de milliers de graffitis.
Le sceau d’or : Un soir de beuverie, un artisan qui vient de participer pendant presque 20 ans à la réalisation du somptueux palais du nouvel empereur, révèle qu’il connait un passage secret pour y accéder. Le lendemain, il reçoit une étrange visite…
Le crachoir : Lasse des perversions de son époux, Feng Liu, quitte le domicile et demande asile à une amie. En attendant de pouvoir la découper en huit morceaux pour cette trahison, le mari bafoué rejoint une maison de plaisir pour y monnayer une drôle d’envie…
Mémoire(s) vive(s), Géant, Cartes postales de Hong Kong, Visa, Tape-cul, Harbin/Shanghai : 1980/2008, De quelques drôles d’oiseaux sous les Ming, complètent l’ouvrage.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième voyage au-delà de la chaîne de l’Oural, au sein de la collection Écritures, Chine reprend le principe mis en œuvre avec Japon puis Corée qui l’ont précédé : demander à des auteurs composés pour moitié du pays traité et pour moitié de français, de donner libre cours à leur imagination pour créer une fiction. Ainsi, les « régionaux » et les « invités » (qui ont eu l’opportunité de séjourner 10 jours en Chine) livrent à travers 11 petites histoires leur approche du pays. Que l’angle choisi fasse appel à la tradition, aux légendes, à l’histoire ancienne ou récente, chaque morceau du puzzle nous aide à construire une image de ce pays, qui émerge aujourd’hui encore nimbé d’un épais brouillard : un peu de sa substantifique moelle nous est vaporisée en quelques cases dessinées. La diversité des auteurs, loin d’être un handicap, dynamise ce projet, notamment grâce à la place que les 180 pages de l’ouvrage leur laisse pour s’exprimer : chaque récit peut ainsi trouver son équilibre en délivrant mystère, humour, poésie ou intelligente réflexion. La bonne surprise se complète via la parfaite symbiose qui s’opère entre les artistes : il est bien difficile de reconnaitre l’asiatique et l’européen… Une très belle idée que de croiser ces regards et on s’impatiente déjà de voir l’effet opéré par le prochain entrelacs qui devrait prendre pour cible notre mère patrie.