L'histoire :
Douglas Pistoia et la bande de mercenaires appelés Cyclopes sont les héros d'un show télévisé qui les suit dans chacune de leurs missions, pour le compte de l'ONU. Casques équipés de caméras et équipement ultra moderne face à des groupes armés qui terrorisent des populations innocentes : sur le papier, le scénario était idéal. Mais Pistoia et ses collègues ont réalisé que certaines missions n'étaient que des prétextes, parfois montés de toutes pièces, pour arranger des contrats militaires juteux pour Multicorps et sa filiale média KNN. Simulant l'élimination de sang froid de trois prisonniers au Chili, Douglas et son équipe ont voulu révéler sur les écrans du monde entier la lucrativité de leurs employeurs. Ils sont dès lors devenus des ennemis déclarés du conglomérat, qui a compris qu'ils avaient eu accès à des informations qui confirmaient le massacre d'innocents lors d'une précdente mission, et la corruption de certains fonctionnaires haut placés à l'ONU. Multicorps mobilise alors un nouveau groupe de mercenaires pour éliminer Douglas et sa bande. Un mandat d'arrêt international est lancé. Et si cela peut être l'occasion d'un ultime scénario à suspens pour le public, qui suit le show sur les écrans télé des rues et des transports public, ma foi, pourquoi pas ! Après avoir subi une première attaque savamment scénarisée pour faire monter le suspens sur les écrans, les Cyclopes contre-attaquent sur le terrain médiatique, en révélant lors d'une interview télévisée les secrets de Multicorps. C'est alors une guerre sans merci qui se déclare, une course de vitesse pour survivre aux mercenaires de Multicorps, tenter de retourner l'opinion et faire condamner Multicorps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les quatre volumes de Cyclopes méritent d'être lus d'une traite, pour plonger dans la logique de ce monde futuriste sans morale. Dans ce contexte, un mélange d'intérêts militaires et médiatiques organise les guerres et entretient les zones de conflit. La révolte de Pistoia et de ses collègues, par ailleurs basée sur des motivations pas spécialement honorables, est progressivement mise en place au fil des albums, pour aboutir au point culminant de ce dernier volume. La conclusion de l'album n'est pas prévisible, ce qui est une bonne nouvelle pour le lecteur, et elle est tout à l'honneur du scénariste Matz. Ce dernier, on le sait, n'est pas spécialisé dans les récits philantropiques (son Tueur est un must sans foi ni loi), et Cyclopes ne déroge pas à la règle. On n'est cependant pas au même niveau d'accroche pour le lecteur, à la fois parce qu'on est gardés à l'écart de l'intimité des personnages (la vraie personnalité de Pistoia nous reste étrangère), et parce que la mise en scène de cette aventure futuriste est plus classique et convenue. Les trouvailles visuelles qui décrivent les combats sous l'œil du public sont assez séduisantes, mais le graphisme du jeune Gael de Meyere manque encore de la puissance qui transporterait le lecteur au cœur de l'action. Plutôt sommaires, les dialogues alternent entre le dramatique et l'humour de caserne, de manière trop rapide pour être crédibles, et tendent à montrer que Matz n'a pas mis le meilleur de lui-même dans cette série. L'album se lit alors essentiellement pour connaitre la fin de l'histoire. Mais ne boudons pas le plaisir simple d'une aventure politico mediatico futuriste agréable... mais qui ne révolutionnera pas le genre.