L'histoire :
France, XIXème siècle. Deux hommes sont sur le point de se lancer dans un combat au pistolet. Ce duel est la conclusion d'une querelle débutée vingt ans plus tôt au cœur de l'armée napoléonienne. Le jeune aristocrate Armand d'Hubert, brillant militaire, fut appelé pour arrêter Féraud, jeune officier lui aussi, Gascon sanguin issu du peuple. Mais le fier Gascon ne l'entendit pas de cette oreille et, toujours prompt à provoquer en duel toute personne par laquelle il estime avoir été offensé, il poussa l'aristocrate à croiser le fer, malgré l'interdiction des duels prononcée alors par Napoléon. Ce sera le premier duel, et de nombreux suivront. Leur animosité les conduira à s'affronter à maintes reprises sans que jamais un gagnant ne soit désigné, leur grande maîtrise de l'épée les empêchant en permanence de se démarquer. Cette haine farouche va accompagner les deux hommes, de victoires napoléoniennes aux débâcles qui suivront et ce, jusqu’à la Restauration. Ils passeront leur temps à se chercher querelle, mais également à se sauver la mise, bon gré mal gré.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Librement adapté de la nouvelle de Joseph Conrad, elle-même inspirée d’un fait divers militaire, ce roman graphique aurait pu rester cantonné au statut de récit historique un peu lisse. Mais c’est sans compter le talent de Renaud Farace qui arrive à nous passionner pour les diverses escarmouches de ces duellistes, en insistant sur les contrastes opposant ces deux personnages qui s’avèrent pourtant bien plus proches qu’ils n’osent se l’avouer. D’où le titre, Duel, voulu par l’auteur et non « Le duel » de la version de Conrad. Tous deux évoluent et quittent peu à peu l'héroïsme guerrier pour un abaissement pathétique, une fois revenus à la vie civile. L’homme du peuple Féraud sombre dans l’alcoolisme et d’Hubert se montre incapable de séduire une jeune fille noble, dont son avenir dépend pourtant. Seuls leurs duels semblent leur donner une raison de continuer leurs existences, comme s’ils n’avaient d’autre choix que de combattre pour se sentir en vie. Finalement, l'auteur nous donne à voir la solitude étrange de deux hommes qui se vouent une haine farouche pourtant non dénuée d’une sorte d’attachement. Le dessin en noir et blanc se teinte de rouge lors des duels, sanglants comme il se doit. Superbe roman graphique qui montre combien l’honneur peut parfois conduire jusqu’au bout de la bêtise.