L'histoire :
Au sommet de l'état français, le jeu politique s'est récemment densifié. A la tête du parti d'opposition RDS, Constant Kerel, qui caracolait jusqu'alors dans les sondages, est désormais impliqué dans le meurtre d'un marocain, photo scandale à l'appui. A l'inverse, le président de la république Edouard Montfaure bénéficie désormais d'une forte popularité, suite à la tentative d'assassinat dont il a été victime. Ce que l'opinion publique ignore, c'est que la véritable cible de cet assassinat, dont il était lui-même l'instigateur, était le Président américain ! Cette position de martyr permet à Montfaure de remporter l'investiture de son parti pour les prochaines présidentielles. Mais alors qu'il prépare sa campagne (slogan et affiche officiels sont choisis), Montfaure semble avoir muri et gagné en sagesse. Il va même jusqu'à défier la très occulte confrérie américaine P416, réunissant les puissants de la planète : désormais, il conduira la France comme il l'entend. Au RDS, c'est logiquement Romain Murville qui remporte les primaires. Le bureau national se prépare même à destituer Kerel de sa présidence du parti. On perquisitionne chez lui et Interpol le convoque car l'enquête a démontré que l'homme qu'il est accusé d'avoir assassiné aurait été un terroriste islamique. Sans trop se démonter, Kerel poursuit néanmoins son plan de reconquête médiatique : il lance sa Fondation pour la mer et envoie ses proches au Maroc pour retrouver la piste de l'islamiste. En effet, celui-ci n'est peut-être pas mort...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin (du premier cycle !) d'un thriller politique mettant en scène des manigances à la fois pointues, haletantes et réalistes dans les hautes sphères de l'Etat Français. Quoique côté réalisme, le scénariste Remy le Gall a peut-être un peu chargé la barque pour cette conclusion, aussi bien dans le type de rebondissements qui se produisent, que dans leur quantité et leur haute densité. On assiste donc à un véritable tourbillon politique, au travers d'une double ou triple narration parallèle qui vous demandera un peu de concentration. En effet, le dessin réaliste de Frisco ne distingue pas toujours très bien les protagonistes, qui ont évidemment la fâcheuse idée de tous s'habiller en costume-cravate. Bref, on croise ici des terroristes islamiques, un lobby américain surpuissant, des rendez-vous secrets, une déchéance programmée, des contre-feux médiatiques, une idylle mal-t-à-propos... le tout en pleine campagne présidentielle. De même, Le Gall a recours à quelques solutions de facilités, par exemple pour faire bondir les investigations. Autre exemple, deux protagonistes que nous avions laissés pour morts, sont finalement bien vaillants ! En revanche, la série trouve tout son sens lorsqu'elle met en exergue les authentiques rouages de la politique à la française. Notamment les rivalités au sein d'un même parti sont souvent plus virulentes qu'entre adversaires. Elysée République démontre aussi admirablement les différents biais de s'attirer les faveurs médiatiques, donc l'opinion et les suffrages. Le Gall est en bonne place pour évoquer ces aspects, car il mène depuis des années une carrière de proximité avec les dirigeants politiques (il est actuellement directeur de communication d'une grande ville). La dernière planche nous abandonne avec un petit pied-de-nez... qui laisse espérer la mise en branle prochaine d'un nouveau cycle.