L'histoire :
Ernesto Llopart a fui l’Espagne en 1939 pour échapper aux purges franquistes. Il a passé les Pyrénées pour rejoindre la France. Il vit aujourd’hui près de sa fille et de sa petite-fille Lucie. Un matin, son vieil ami Tómas vient lui rendre visite pour lui montrer sa nouvelle acquisition, une Vespa 400 de 1957. Il passe le chercher pour aller prendre l’apéro dans un troquet. Le patron du bar et les clients tombent alors en admiration devant la nouvelle voiture de Tómas. Ernesto n’est pas dans son assiette. Il assied sur le capot du véhicule et s’évanouit. Quand il ouvre les yeux, il est à l’hôpital entouré de ses proches. Il a eu une petite alerte cardiaque. Il s’endort et tout le film de sa vie se déroule devant ses yeux. L’Espagne, Barcelone, ses camarades de lutte, les chants des Républicains. Il se réveille et n’a plus qu’une envie en tête : mettre les voiles pour retrouver sa terre natale. Ça tombe bien, Tómas passait par là. Les deux aïeuls prennent la route au volant de la Vespa 400...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le prometteur Victor et Clint, Marion Duclos s’était faite remarquer par son trait simple et efficace. Elle enchaîne ici avec l’histoire d’un homme qui a vécu les atrocités de la guerre civile espagnole. Plutôt que de le traiter sous l’angle du pathos (rien n'est montré ici, tout est suggéré) ou du récit authentique façon Land and Freedom de Ken Loach ou La nueve de Paco Roca, la jeune bordelaise choisit de privilégier la carte de l’humour et de la légèreté. Il y a du Jacques Tati dans ce personnage haut en couleurs d’Ernesto. Ici, point de flashback au programme. C’est la réalité qui sert de catharsis au personnage. Son road-trip lui permet de faire de drôles de rencontres qui donnent lieu à des débats passionnés, lors de repas où le verbe monte haut. Même si la narration manque de fluidité par endroit, on se laisse porter par le virevoltant Ernesto. Le dessin de Marion Duclos a évolué, moins sfarien et plus personnel, elle joue une carte graphique plus féminine qui lui ressemble davantage. Son trait est illuminé par des couleurs doucement acidulées. En fin d’album, la réalité reprend ses droits avec un dossier retraçant chronologiquement les grands épisodes de la guerre de 36 avec la fameuse Retirada et les camps d’internement des réfugiés du Sud-Roussillon. Cet album fait écho à la situation actuelle avec les migrants venant de Syrie, notamment, fuyant la guerre menée par Daesh et qui ont trouvé refuge en Europe.