L'histoire :
Le 26 avril 1937, la ville de Guernica en Espagne, réputée pour abriter un gros bastion de républicains, est intensément bombardée par l’aviation de Franco, aidée par la forcé aéronautique italienne. Cet enfer est mis en peinture par Pablo Picasso, une œuvre cubiste qui fait sensation et nourrit le débat à l’exposition universelle de Paris. Le jeune et engagé Jean-Léonard y voit le symbole de la répression fasciste, scandaleuse, là où sa mère s’indigne du style cubiste, vraiment « grossier ». Jean-Léonard est en totale rupture avec l’éducation bourgeoise de ses parents. Il milite au sein d’un groupe d’amis communistes qui éditent un journal de propagande, il se nourrit des écrits du révolutionnaire libertaire d’origine russe Victor Serge. Un jour, il apprend que l’écrivain est de passage à Paris pour une conférence. Il ne manque pas ce rendez-vous et en profite pour discuter un peu avec lui, à la sortie. Totalement subjugué par ses idées, il néglige sa petite amie et va de plus en plus souvent au clash avec ses parents. Un jour, il décide de fuguer, de traverser la France et les Pyrénées, afin de rejoindre la révolution espagnole…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce one-shot de près de 120 planches, Maximilien Le Roy et Eddy Vaccaro imaginent l’engagement politique d’un militant fictif en 1937, afin de focaliser sur la guerre civile espagnole (1936-1939) et les mouvements libertaires internationalistes et antifranquistes. Ici, le jeune héros Jean-Léonard rompt avec son éducation et se laisse séduire par les idées libertaires de l’écrivain marxiste d’origine russe Victor Serge… au point d’accorder son destin avec ses idées. Son périple initiatique et politique le conduira jusqu’en Espagne, où il prendra les armes aux côtés des révolutionnaires. Auteur engagé, Le Roy continue donc dans sa lignée des récits politiques, en prenant soin de maintenir le cap du didactisme non prosélyte. La droiture du héros, la pureté de son engagement, le point-de-vue des évènements tragique qu’il affronte, participent certes évidemment à défendre certaines valeurs, mais plus humanistes que réellement militantes. Ce one-shot quasi mémoriel trouve un écrin de qualité à travers la mise en scène et le trait d’Eddy Vaccaro, un crayonné brut juste sur-contrasté, rehaussé des couleurs subtiles d’Anne-Claire Jouvray. Souvent uniquement visuelle, la narration s’appuie sur des dialogues soignés et choisis, pour une fluidité de lecture maximum. Une belle manière de faire découvrir une période sombre de l’Histoire espagnole, dont les soubresauts atteignirent largement la France.