L'histoire :
Emily partage son quotidien avec une vieille femme, Pia. Elle vit chez elle depuis sa première année de fac. En échange du loyer, elle s'occupe des tâches ménagères, des démarches administratives de Pia. La vieille femme est râleuse et elle aime son jardin plus que tout, mais elle ne supporte pas que les oiseaux ruinent son travail, se l'accaparent. Elle est souvent dans l'exagération, elle ressasse, mais Emily l'aime beaucoup. Elles partagent des moments simples toutes les deux, comme la cueillette des cerises, la fabrication d'une tarte, ou un verre. Et elles discutent autour d'un jeu de cartes. Un soir, Pia montre un bout de papier à Emily, cela pourrait l'intéresser. Sur celui-ci, est indiqué : « offre d'emploi, jeune personne (20-25 ans) promenade quotidienne du petit chien de Mme Rascines ». Emily questionne Pia : s'agirait-il de LA famille Rascines ? Elle lui confirme. Elle qui voulait un petit boulot pour l'été, elle devrait être contente, il devrait bien payer. Pia lui confie qu'elle a connu l'arrière-grand-mère de cette Suzanne Rascines, qui demande à ce qu'on lui garde son chien. Peu de temps après la fin de la guerre, elle l'a rencontrée. Elle sillonnait le village avec une harpe éolienne et disait pouvoir entendre la parole des morts. D'abord jugée comme grotesque, elle est devenue une véritable lumière, jusqu'à ce qu'un riche commerçant la demande en mariage. Son activité cessa dès l'instant où elle enfanta. Son mari Max Rascines profita du fait qu'elle soit une femme au foyer, pour commercialiser les harpes éoliennes. Cette histoire pique la curiosité d'Emily. Elle va accepter l'offre d'emploi pour en savoir plus sur cette famille.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première bande dessinée de Mathilde Ducrest, les sentiments sont à fleur de peau, comme l'indique le titre : Fragile. En plein été, Emily partage son quotidien avec une vieille femme du nom de Pia. Sa vie bascule lorsqu'elle accepte un petit boulot et qu'elle fait la connaissance d'une certaine Suzanne Rascines. Au départ, Emily est motivée par une curiosité malsaine, pour en apprendre davantage sur cette richissime famille et ses secrets. Mais rien ne se passe comme prévu. Même si l'on note quelques imperfections graphiques, on se laisse vite envelopper par les couleurs de Mathilde Ducrest. Tendres et douces, avec beaucoup de positivité, elles retranscrivent les émotions des personnages et l'ambiance. Les personnages sont essentiellement féminins, et l'autrice les enferme dans une bulle scénaristique. Le récit est déstabilisant, perturbant. On sent un soin porté aux mots et au langage. L'autrice indique s'être inspirée de Virginia Woolf ou d'Emily Dickinson. La mise en page s'appuie sur des encadrés descriptifs, hors dialogues, mettant les phylactères en arrière-plan. Pourtant, si l'on regarde au-delà du fredonnement agréable à l'oreille, les textes ne sonnent pas toujours justes, comme si tout était accentué ou artificiel. Le récit prend une tournure inattendue en se concentrant davantage sur la relation entre Suzanne et Emily. Arrivés sur les dernières pages, nous ne savons pas exactement où voulait en venir l'autrice, ce qu'elle souhaitait communiquer à son lecteur. L'autrice est prometteuse, mais sa première bande dessinée bien trop « fragile ».
