L'histoire :
En 2013, à l'âge de 24 ans, Maia prend la direction de San Francisco pour intégrer un master en bande dessinée. Lorsqu'elle commence ses études, elle pense automatiquement faire de la fiction : l'autobiographie, ça ne l'intéresse pas. Pourtant, elle doit suivre des cours d'autobiographie, et leur professeure leur demande de faire une liste de leurs plus grands secrets. Parmi toutes ces anecdotes, il y en aura forcément une qui les inspirera pour écrire une histoire. Mais Maia s'y refuse, elle ne veut pas que sa vie soit étalée aux yeux des autres. Finalement, elle décide de se prêter au jeu et note ses démons, ses pensées qui la tourmente : vêtements girly, avoir ses règles, nager, les maillots de bain, ses seins. En mettant noir sur blanc toutes ces idées, elle réalise que tout ça concerne le genre. Elle écrit une courte BD, mais elle en a honte et la fait disparaître. Cette BD s'appelait Genre queer. Très tôt, alors qu'elle n'est qu'une enfant, Maia ne s'associe pas à un genre particulier, encore moins au genre féminin qui lui est assigné. Lorsqu'iel veut se baigner, iel souhaite ne pas mettre de haut, faire comme les hommes. Mais on ramène toujours l'enfant à la réalité, à ce qu'iel est censé faire en société. Et puis, en grandissant, la puberté va rattraper Maia. Les poils, les règles, sa poitrine, tout devient complexe. Iel sent une envie d'être un homme, iel est attiré par les femmes aussi. Pourtant, la sexualité va toujours être une épreuve, qu'iel va rejeter en bloc. Maia nous raconte son parcours personnel, son long chemin vers une identification en tant que personne non binaire et asexuelle.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Maia Kobabe a publié plusieurs histoires courtes, mais Gender queer est son premier album long. Publié en 2020 aux Etats-Unis, il a remporté de nombreux prix dont l'Alex Award 2020 pour lecteurs ados et adultes et le Stonewall book award 2020. Pourtant, ce succès a eu un revers de médaille, car ce roman graphique a également été considéré en 2021 comme le plus interdit et contesté, subissant une grande vague de censure dans les bibliothèques et les établissements scolaires aux Etats-Unis. La raison invoquée était le contenu sexuellement explicite. Ce n'est pourtant pas le cœur de la bande dessinée, au contraire, puisque l'autrice évoque elle-même son asexualité. On peut plutôt penser que c'est la thématique traitée, la non-binarité, la marginalité, qui a posé problème. Car effectivement, Maia Kobabe ne cache rien, et nous relate son parcours sans filtre. Iel explique les émotions qui l'ont traversé, les épreuves physiques et psychologiques qu'iel a dû surmonter. Tout en nuances, iel nous montre son cheminement, long, vers l'acceptation de ce qu'iel est : une personne non binaire et asexuelle. Maia exprime tous les tiraillements qui l'ont assailli, toute l'ambivalence qu'iel a ressenti, à travers un roman graphique autobiographique, relaté à la façon d'un journal intime. Entouré par des personnes bienveillantes, iel réussira petit à petit à accepter la personne qu'iel est réellement. Le petit format de l'album, s'associe bien au découpage des planches. Les illustrations sont assez simplifiées, pour laisser la place au contenu textuel. Un titre qui permet de mettre en lumière un parcours différent, et qui est bien loin de l'image sulfureuse que l'on veut lui attribuer aux Etats-Unis.