L'histoire :
En mai 1924, la population d’Hanovre se masse sur un pont au dessus de la Leine asséchée. En bas, dans le lit de la rivière, des gendarmes sont en train de retrouver des dizaines et des dizaines d’ossements humains. Pour ne pas inquiéter la population, le commissaire Müller de la criminelle fait courir le bruit que ce sont des victimes du Typhus qui ont été jetés dans la rivière en amont, à Alfed. Mais le docteur légiste Schakowitz, qui dénombre 20 macchabés, lui explique discrètement qu’ils ont assurément affaire à un serial killer de la pire espèce. Un marchand de tabac dénonce régulièrement – mais en vain – un voisin qui a des agissements suspects, un dénommé Haarmann. Ledit Haarmann est en effet bien connu des forces de police, pas tant pour son lourd passif psychiatrique, que parce qu’il est un précieux indic ! Il a même toujours sur lui une carte de police, qui lui permet d’interpeler les « délinquants » dans la gare de la ville… En réalité, Haarmann, se sert de cette carte pour attirer chez lui les jeunes voyageurs qui ont raté leur correspondance. Ensuite, il les viole sauvagement, les égorge et les dépèce en morceaux de viandes, qu’il revend ensuite au marché noir aux restaurateurs du coin ou à divers clients particuliers. Les vêtements des victimes fond également l’objet d’un commerce lucratif…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Boucher » de Hanovre… c’est le terme approprié, s’agissant de ce psychopathe allemand qui faisait commerce de la chair humaine de ses victimes (miam !). Oui, Fritz Haarmann tient une bonne place au rang des serial-killers immondes. L’écrivain allemand Peer Meter, passionné par la BD et les tueurs en série, réunit donc ses deux dadas avec ce one-shot. Il y raconte les dernières semaines de Haarmann, ses méthodes de « chasse », sa discrétion toute relative pour assouvir sa perversion et sa méthode répugnante pour faire disparaître les corps (les os à la flotte, le reste dans l’assiette de ses concitoyens). Le récit insiste aussi sur l’incompétence (volontaire ?) de la police pour lui tomber sur le paletot. En effet, de notoriété publique, l’homme était déséquilibré et nombreux sont les concitoyens à l’avoir signalé… en vain. Encore aujourd’hui, on s’interroge sur le degré de complicité de la police criminelle, comme l’indique le dossier documentaire en fin d’album. Ce dernier permet d’approfondir un tantinet l’affaire, car si cette histoire se découvre avec un mélange d’intérêt et de dégoût, la narration de Meter demeure distante de son sujet, se contentant de tout montrer par le prisme de la perversion sexuelle. La mise en scène s’alterne avec l’inaction de la police, sans creuser non plus outre mesure les motivations obscures de cette passivité (un simple indic ?). Nettement plus convaincant est le dessin d’Isabel Kreitz, qu’on avait déjà pu découvrir sur L’espion de Staline. Cette allemande reconnue outre Rhin (prix du meilleur dessinateur en 1997) livre 160 planches parfaitement détaillées, travaillées, cadrées et abouties, d’un crayonné noir et blanc sombre mais somptueux. La BD qui va vous convertir au végétarisme…