L'histoire :
De nos jours, alors que la neige tombe abondamment, Émilie, une jeune femme, met fin à ses jours dans son appartement. Elle n’est plus, mais son fantôme demeure. Elle se met à hanter l’immeuble. Elle découvre le quotidien de ses voisins et pénètre dans leur intimité. Un artiste-peintre et son ex-compagne se déchirent pour une histoire de meubles. Une femme de ménage est fatiguée de nettoyer pour le compte des autres. Un couple adultérin vit une passion charnelle sous l’œil du mari trompé qui les observe derrière un miroir sans tain, un appareil photo entre les mains. La jeune suicidée se sent bien seule, forcée à épier les occupants de l’immeuble. Pourtant, il y a bien un être qui parvient à la voir et à dialoguer avec elle. Il s’agit d’un chat. Elle est heureuse de pouvoir partager ses impressions, ses sentiments avec quelqu’un qui peut, comme elle, aller et venir dans cet immeuble. D’autant plus, qu’Émilie ressent manifestement une attirance certaine pour l’artiste-peintre qui l’avait croquée depuis sa fenêtre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Les miroirs nous renvoient une réalité bien plate… Pour ceux qui ne savent pas voir la magie du monde » Cette phrase poétique à souhait est un résumé de cet ouvrage singulier intitulé fort justement Hôtel Particulier. Ici, il n’est nulle question d’un immeuble cossu des beaux quartiers, mais d’un simple immeuble qui, après une mort tragique, révèle toute son âme. Guillaume Sorel utilise cette jeune femme pour nous faire découvrir la vie ou plutôt les vies qui s’entrecroisent dans cet espace. Des vies qui se sont perdues ou qui se sont retrouvées sur le chemin de l’amour, entre vie et mort. Les textes de Sorel sont d’un grand lyrisme, teinté de strophes empruntés (Ophélie d’Arthur Rimbaud ou Le vin des amants de Charles Baudelaire). Ses mots sonnent avec une grande justesse et nous plongent dans une atmosphère surréaliste. Son dessin au lavis maîtrisé, dans la lignée de Typhaon ou des Derniers jours de Stefan Zweig nous transporte dans une réalité alternative, de l’autre côté du miroir, laissant la part-belle à des expressions de visage saisissantes. Âmes sensibles, ne vous abstenez pas de vous perdre dans cet hôtel très particulier…