L'histoire :
Nouvelle Zélande, années 30. Alors qu’il s’est lourdement assoupi dans le train, Hubert Slater est réveillé par une petite gamine qui lui fait la causette. Cette rencontre sonne d’ailleurs le glas de son voyage. Et le bonhomme descend immédiatement du train lorsqu’il apprend que la police est sur le qui-vive. Elle est affûtée, selon les journaux, pour tenter d’attraper l’assassin d’une fillette violée et égorgée. Le voilà donc qui foule la poussière de Klynham, au moment même où Neddy, un gamin de 14 ans, et son copain Leslie, préparent une expédition. En effet, les deux adolescents se sont fait délester de leur butin par la bande de Lynch : des « tonnes » de pignons de pins qu’ils avaient mis de coté pour s’acheter de la volaille. Du coup, les voilà qui pillent le poulailler de Lynch pour un nouveau butin. Après, ils allongent leur tête dans l’herbe grasse et humide d’une nuit d’été, pour fumer quelques cigarettes. Et laisser les volutes de fumées dessiner le corps si appétissant de leur copine Angela. Slater, quant à lui, s’arrose le gosier dans le charmant établissement de Charlie Dabney, qui cumule les fonctions de croque-morts et cafetier. Il en profite même pour leur faire un joli tour de passe-passe en faisant disparaître et réapparaître une montre de gousset. Il épate aussitôt cette galerie de gentils alcoolos...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir brillamment adapté L’ultime défi de Sherlock Holmes de Dibdin, le tandem Cotte-Stromboni s’attaque – toujours pour la même collection Rivages/Noir – à un des romans cultes (et porté au cinéma) de l’étonnant néo-zélandais Ronald Hugh Morrieson. Un drôle d’oiseau de nuit marginal celui-là ! Musicien à ses heures, amateur de boissons fortes, il laisse derrière lui une œuvre concise teintée d’exubérance et d’excentricité. Et c’est, de fait, un curieux polar que nous met sous les quenottes le trio. Un de ceux où l’atmosphère est le principal cavalier – voir le seul – de la chevauchée du récit, au regard d’une intrigue aussi mince et fragile qu’une feuille de papier. Klynham, Nouvelle Zélande, années 30, pour théâtre. Des ados, des donzelles justes écloses et une jolie bande de bouseux alcoolos à la Mark Twain pour acteurs. Mais aussi un grand échalas « magicien » surnommé L’Epouvantail, des incendies, des vols de poules, des disparitions et des assassinats, pour « énigmes »… Le récit nous balade entre moiteur libidineuse, onirisme, petite trouée horrifique et truculence assumée. Un parfait fouillis, en tous cas, dans lequel on peine souvent à se retrouver et où rien ne sera jamais livré clairement. Sans parler d’une conclusion laissant pour le moins perplexe. Reste cette petite musique sournoise. Cette atmosphère inquiétante et malsaine qui – en parfait écho du roman original – colle à la peau. Et puis peut-être aussi un léger gratouillage de la matière humaine. Mais quid du polar promis ? D’autant que le scénario proposé pour le 9éme art ne parvient jamais à gommer les failles du récit originel en choisissant de laisser le lecteur à distance (aucune voix off par exemple). Idem pour le choix graphique qui, malgré son indéniable potentiel, entretient la confusion via son épaisseur et sa colorisation. Une véritable petite déception.