L'histoire :
Nous sommes à la fin des années 80 et « La Mano Negra » constitue le plus extraordinaire phénomène rock que la France ait connu depuis pas mal d'années. Des concerts ultra énergiques, qui remplissent des salles par un bouche à oreilles phénoménal et des campagnes d'affichage ultra minimalistes, confidentielles, pour les initiés. Frantz est quant à lui un jeune adolescent qui fait ses premiers essais dans la bande dessinée. Lorsque le bruit de la mobylette de son copain Mike retentit depuis le bas de la rue, c'est pour lui annoncer une nouvelle extraordinaire. La Mano passe en concert à Bordeaux. C'est à peine à 100 km de leur village, dans deux jours. Il ne faut pas longtemps aux deux garçons pour se décider à aller sur place, à deux sur la fragile mobylette. Ils n'ont pas de billet, mais ils vont se débrouiller. Ils ne savent pas si l'engin va tenir le coup, mais ils feront avec. Et quant à louper les cours pendant deux jours, quelle importance lorsqu'il s'agit du concert d'une vie. La Mano Negra c'est la quintessence de l'attitude rock, une musique totalement libre pour des jeunes gens ultra réceptifs. Un leader charismatique qui parcourt l'Amérique latine avec son groupe pour aller jouer dans des villages perdus. La tête pleine d'images fortes, Mike et Frantz prennent la route de leur rêve...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Frantz Duchazeau réussit un nouveau petit tour de force sur fond de passion musicale, en nous faisant partager cette expérience d'adolescent fou de musique, remarquablement rendue. Le culte qui entourait la Mano Negra en pleine gloire est ici plus vrai que nature, les musiciens et leur leader Manu Chao faisaient effectivement l'objet d'une admiration presque sans limites. L'effet hypnotique de leurs morceaux cultes est traduit visuellement par des images oniriques et le corps de Frantz qui flotte de bonheur entre rêve et réalité. Même si la plupart des cases de cet album sont peu remplies et si ses pages se lisent rapidement, l'auteur parsème sa tranche de vie de moments de grâce fulgurants. Un simple mouvement de corps, un petit changement d'attitude et tout est dit. Duchazeau est un maître de la narration, qui fait oublier en trois cases une apparente économie de moyens. Alors certes, cet album parlera plus à ceux qui ont touché du doigt le « phénomène » Mano Negra, et qui auront été plus sensibles aux épopées latino américaines de Manu Chao qu'à l'exil fiscal de Florent Pagny. Mais ce trip d'adolescents insouciants qui foncent vers un moment inoubliable est universel. L'auteur en donne sa version personnelle, pleine de références aussi arbitraires qu'authentiques. Un très chouette album d'auteur pour tous les publics. Contemporain, léger et drôle.