L'histoire :
John Edgar Hoover est à la tête du FBI depuis de nombreuses années déjà, lorsqu’il reçoit la visite de Bob Kennedy, frère du président. Celui-ci vient demander l’approbation d’Hoover car son frère de président veut le nommer ministre de la justice. Hoover la joue fine et plutôt que de se mettre à dos le président de son pays, il décide d’approuver cette idée tout en mettant un maximum d’obstacles à la réussite de Bob dans cette mission. S’ensuit une série de manipulations, toutes plus perfides les unes que les autres. Y prennent part des chefs mafieux, des espions russes (enfin le croit-on), des soldats cubains (mais entraînés par les Etats-Unis), Franck Sinatra (enfin presque) et on y voit même Marylin Monroe nue (mais morte)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous l’aurez compris, l’époque était tourmentée et l’histoire de cette BD l’est tout autant. Vous saviez, vous, que c’est Bob Kennedy qui a fait assassiner Marylin Monroe ? Et saviez-vous que question frasques sexuelles dans le bureau ovale, Bill Clinton est un petit joueur à côté de JFK ? Après avoir lu La Malédiction d’Edgar, vous brillerez au Trivial Poursuite® dans le registre « questions sur l’Amérique d’après-guerre ». C’est en effet là le principal intérêt de l’album : les détails croustillants sur cette partie de l’histoire américaine, finalement peu glorieuse. L’ambiguïté des personnages se révèle également très intéressante, avec en tête un Bob Kennedy très propre sur lui au début du récit, puis beaucoup plus tordu à la fin. En revanche, si vous aimez la BD pour la BD, vous apprécierez déjà sans doute mois cette série… A l’origine, il s’agit d’un livre de 500 pages écrit par Marc Dugain, un « page turner » comme les américains l’appellent, c’est-à-dire un livre dont on ne décolle pas avant de l’avoir fini. L’ouvrage, qui a connu un véritable succès, retrace la vie de John Edgar Hoover, l’homme qui a dirigé le FBI pendant près de 50 ans et qui en a vu des vertes et des pas mûres entre 1924 et 1972. Pour rester aussi longtemps à ce poste, notre « héros » a du donner de sa personne ; y compris à son assistant homosexuel… Bizarrement, ce détail encore plus croustillant est absent de ce deuxième tome. Excès de pudeur ? L’histoire focalise alors sur les relations très particulières qu’entretenait la famille Kennedy avec la mafia, le FBI, l’Union Soviétique ou encore la CIA. Certes, de ce point de vue, la BD est très intéressante ; mais si Dugain est certainement un écrivain doué, il n’est pas a priori scénariste de BD. Et c’est bien là le principal défaut que l’on peut trouver à ces deux premiers volumes. Le dessin de Didier Chardez est plaisant, les couleurs de Véronique Gourdain bien travaillées, mais le fond est juste constitué d’une succession d’anecdotes, sans véritable fluidité ou même un peu de suspens. On y apprend des choses, certes, mais ce qui pourrait apparaître comme des scoops énormes tombe dans à plat, comme un œuf dans une poêle, mais avec le jaune qui se répand. Ça donne donc au final un plat avec des œufs brouillés, mais nous on aurait aimé aussi un peu de bacon et du bon café bien chaud…