L'histoire :
Nous sommes en l’an 70 après JC – l’année 3830 de la création du monde par l’Eternel. Ce matin de fin d’été, les portes de bronze du temple de Jérusalem sont restées fermées. La ville est aux mains de l’armée romaine. La révolte juive, commencée 4 ans auparavant, se termine dans le sang et les flammes. Abraham le scribe réussit à se frayer un chemin afin de gagner la salle de travail du lieu saint. Trop tard. L’édifice s’écroule, célébrant la victoire de l’imperator Titus sur les insurgés. Abraham, lui, rentre chez lui. Il rassemble ses manuscrits, réunit ses deux fils et sa femme, puis ils partent sur les chemins de l’exil en direction de l’Egypte. Dans leur fuite, ils tombent malheureusement sur une patrouille romaine. Après avoir été violée, sa femme se donne la mort ; lui et ses fils sont conduits devant le général Placidus. Dieu doit les avoir abandonnés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un titre qui promettait. La couverture signée Grzegorz Rosinski a de quoi attirer l’œil, superbe, dense, réalisée en couleurs directes, selon la technique nouvellement affectionnée par l’artiste. Adapté du roman de Marek Halter, La Mémoire d’Abraham affiche aussi au scénario le nom d’un certain Jean-David Morvan, gage de savoir-faire. Pourtant, la mayonnaise peine à prendre et le contenu se révèle décevant. Exploitant un contexte riche et méconnu – la répression de la révolte juive par Rome et la destruction du Temple de Jérusalem en 70 après JC – cet album introductif se perd en exposés historiques et narrations rapportées. On passe d’un théâtre d’action à l’autre trop facilement et les personnages défilent sans qu’on s’y attache (ou qu’on en comprenne bien l’importance). Côté graphique – le morceau de bravoure mis à part, de l’auteur de Thorgal – Ersel livre des planches réalistes et appliquées, sans grand génie certes, mais l’ambiance (antique) y est. Le contraste est néanmoins saisissant au regard de la « promesse » faite en couverture. Les planches contemporaines sont de la main de Steven Dupré. Elles viennent couper le fil de l’intrigue et n’apportent, en définitive, pas grand-chose à l’ensemble. Bref, ces Chemins de l’exil proposent le tableau d’une fresque au souffle court, sans ligne directrice claire… pour le moment. Car il y a matière à de prometteurs développements. A suivre donc.