L'histoire :
Fjällbacka, une petite ville paisible de la Côte Est suédoise. Erica Falck, la trentaine, est un auteur qui consacre son temps à l’écriture de biographies. Un jour, elle découvre le cadavre d’Alexandra Wijkner, son amie d’enfance, dans une baignoire d’eau gelée, les poignets tailladés. Les parents de la jeune femme disparue, Birgit et Karl-Erik Carlgren, lui demande d’écrire quelque chose sur Alex, un texte sur sa vie, qu’ils souhaitent publier dans le « Bohusläningen ». Ils sont sûrs que leur fille ne s’est pas suicidée. Impliquée malgré elle dans cette enquête, elle rencontre tout d’abord Henrik Wijkner, son mari. Elle découvre la vie quotidienne d’Alex à travers sa galerie-expo d’œuvres d’art qui remporte un grand succès. Elle apprend aussi qu’Alex avait des rapports singuliers avec ses parents et sa petite sœur prénommée Julia. L’inspecteur Patrik Hedström est du même avis. Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple suicide. La petite ville provinciale cache des secrets détestables qui pourraient bien offrir une explication sordide à cette affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En Suède, dans le rayon polar, il n’y a pas que Stieg Larsson, l’auteur de la trilogie Millenium brillamment adapté en BD par Sylvain Runberg et José Homs. Il y a aussi Camilla Läckberg. La romancière suédoise a en effet bâti une saga policière autour du personnage d’Érica Falck menant l’enquête à Fjällbacka, le lieu où elle est née. Grand prix de la littérature policière, La princesse des glaces est son premier roman paru en France en 2008. Six romans ont suivi depuis. Le prochain, intitulé la Faiseuse d’Anges, paraîtra en juin 2014. Le travail d’adaptation n’est pas toujours évident pour un scénariste BD, car il ne doit pas dénaturer l’univers originel (sous peine de se mettre à dos les fans du roman), tout en apportant une vision personnelle de l’œuvre. Olivier Bocquet, auteur de l’excellent La colère de Fantômas, s’attache ici à restituer l’intrigue originelle de façon épurée, ce qui offre une grande fluidité de lecture. Son sens de l’intensité dramatique nous fait vivre une enquête passionnante et nous emmène vers le dénouement avec beaucoup de subtilité. Cette subtilité se retrouve également dans le dessin de Léonie Bischoof qui signe là son deuxième album chez Casterman. Son trait élégant donne une vraie profondeur à cette histoire où les faux-semblants et les secrets s’empilent. Ses flashbacks solaires évoquant les souvenirs d’enfance d’Érica contrastent avec l’hiver ténébreux aux couleurs assombries narrant l’enquête. Elle croque la chair avec le même contraste, nous délivrant au passage des indices sur la personnalité de la victime. Le corps nu d’Alexandra Wijkner, lascif, invitant à la bagatelle (p.32) devient un corps découpé (Dexter Morgan n’aurait pas fait mieux) par le médecin légiste (P.34). Un one-shot qui vise juste avec son ambiance glaciale parfaitement restituée. Pour la petite histoire, les deux auteurs de cette adaptation sont allés jusqu'à passer une semaine en Suède pour offrir plus d’authenticité à leur récit...