L'histoire :
Boston, mars 1974. Dans une concession automobile, Marian Tansey veut acheter à crédit une Ford Mustang blanche décapotable, alors qu'elle n'a aucun justificatif d'identité. La patron de la boîte lui refuse assez logiquement l'achat. Cela permet toutefois à cette jolie blonde de taper dans l'œil du vendeur, qui l'aborde, après l'avoir suivie sur quelques mètres. Dick cherche une chambre à louer ; Marian lui arrange le coup : il y en a justement une de libre au-dessus de la brocante où elle-même est vendeuse. Très conciliante, Ruth, la patronne de la brocante offre également un prêt à Marian pour sa Mustang. Marian est aux anges... la voilà propriétaire d'une Mustang blanche qui a de la gueule. Jusqu'à un certain matin, où elle retrouve sa voiture garée de travers dans le garage, le cendrier plein de mégots et la radio allumée. Quelqu'un a utilisé sa Mustang la nuit. Elle établit une liste de suspects : à part l'étrange Dick, il y a le voisin de palier Bill, fils de sa patronne... Mais rien ne les incrimine franchement l'un comme l'autre. Elle demande donc à Ruth de changer les clés du garage. Mais l'emprunt nocturne se reproduit quelques nuits plus tard, avec des éraflures en prime sur la voiture. La liste des suspects s'allonge car Bill a deux nouveaux co-locataires, Steve, un rédacteur un peu louche, et Rebecca, une kleptomane notoire qui réussit le tour de force de devenir collègue de Marian à la brocante ! Marian porte plainte à la police et Dick propose de passer la nuit dans le garage pour surveiller. Mais la nuit suivante, c'est elle-même qui est surprise par... Bill, alors qu'elle est en pleine crise de somnambulisme ! Se pourrait-il qu'elle soit la conductrice fantôme ? Que cachent ses cauchemars récurrents et son amnésie ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme tous les one-shot de la collection Rivages, La somnambule est à l'origine un roman, écrit par Helen McCloy en 1974. A travers l'adaptation qu'en font Stéphane Michaka et Jean-Louis Thouard pour le 9ème art, l'ambiance est d'emblée malsaine et le suspens psychologique monte crescendo. Qui utilise la Mustang de Marian, la nuit ? Lequel des protagonistes suspects est lié à cet emprunt ? Quels glauques pans de son passé sont dissimulés par son amnésie ? Se pourrait-il qu'elle ait été quelqu'un d'autre ? Que son somnambulisme révèle une autre personnalité ? Les choses se corsent lorsque le mystère de la Mustang se double d'un meurtre... et que la héroïne se retrouve en première ligne. Est-elle coupable ou victime ? Le récit brouille habilement les pistes et entretient ainsi un suspens croissant, pour finalement délivrer une explication rationnelle implacable et habile. Les encrages prononcés de Thouard, vifs et parfois un peu trashs, rehaussés d'une colorisation sombre, délavée et parfois saturée, jouent également la juste partition pour ce polar inquiétant et intriguant. Pourtant, un petit quelque chose ne fonctionne pas totalement. Est-ce une trop grande variété de plans ? Un découpage presque trop speed, là où un peu de « lenteur » aurait amplifié l'angoisse ? Un panel d'expressions faciales limité qui empêche les protagonistes d'embrasser pleinement leur rôle ? Les amateurs de polars qui n'ont pas lu le roman apprécieront tout de même cette intrigue psychologique tourmentée...