L'histoire :
Londres 1865. Les londoniens se sont massés devant la prison de Newgate pour assister à la pendaison d’une jeune fille. Jenny a tué un poissonnier qui l’avait surprise en train de voler dans ses poubelles. Parmi les spectateurs qui assistent à cette funeste exécution, il y a l’assistant commissioner de la Metropolitan Police, Mister Barlow. On retrouve aussi le docteur Balfour qui vient récupérer le cadavre de la pendue pour ses cours d’anatomie au Gresham College. La jeune Elizabeth Shepherd est venue également, accompagnée de sa mère et de son précepteur, Mister Williams, le chancelier de la Cathédrale Saint-Paul. Jack, un jeune ramoneur sans le sou qui vient de quitter l’orphelinat de Saint-Paul, observe toute la scène avec cynisme et colère. Pour lui, tous ces riches ne valent pas mieux que le Bogeyman, le croque-mitaine qui a assassiné son père et qui écume la capitale anglaise. Le garçon croise la jeune Polly. Elle lui annonce qu’elle vient d’être engagée pour faire le ménage à l’orphelinat tandis que ses frères vont travailler à la fabrique « Shepherd Cotton Mill ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Habituée aux thèmes antiques, Valérie Mangin nous plonge cette fois-ci en pleine époque victorienne, dans une atmosphère à la Dickens, rappelant Oliver Twist. Elle ajoute une pincée de fantastique avec un Bogeyman qui hante la ville. Ce personnage, appelé communément croque-mitaine, est un mythe qui appartient à l’imaginaire de bon nombre de pays. Il est destiné à faire peur aux enfants pour qu’ils se tiennent à carreaux. S’ils désobéissent à leurs parents ou qu’ils font des bêtises, le croque-mitaine est là pour les reprendre par le col et les remettre sur le droit chemin (enfin, il les enlève pour les mutiler ou les manger.. Brrrr, ça fait froid dans le dos !). Mais, le jeune Jack est formel : lui l’a vu, mais personne ne le croit. En parallèle, la scénariste d’Alix Senator développe un récit autour d’un club select assez particulier, qui se retrouve régulièrement pour se faire de bons gueuletons. Nul doute que ces deux intrigues vont se croiser… avec en toile de fond les conditions de vie misérables des familles ouvrières, qui envoient leurs enfants à l’usine. La narration est habile et monte crescendo, jusqu’à la fin de cette première partie insoutenable. Comme référence, il y a les Contes de Perrault et l’Essai sur l’inégalité des races humaines d’Arthur de Gobineau. Le trait semi-réaliste de Steven Dupré, accompagné par les couleurs intenses de Roberto Burgazzoli, est au service de cette histoire peu banale. Il dessine parfaitement l’innocence des enfants, via des regards purs et expressifs, confrontés à un monde des adultes cruels sur bien des aspects, affublés de masques d’animaux terrifiants. Bien malin qui pourra prévoir l’épilogue de ce diptyque, dont on se délecte par avance…