L'histoire :
USA, 1951. Dans la paroisse du père Mils, on s’affère pour que la prochaine tombola remporte le même succès que l’année passée. En particulier, Madame Woolton vérifie avec le prêtre que tout est prêt. Pourtant, Mills et sa paroissienne sont interrompus par l’arrivée de Conrad Meyer. Très vite, l’homme réclame de l’aide auprès du religieux. Son fils est en effet, semble t-il, atteint d’un mal mystérieux qui le dévore lentement et pour lequel la médecine semble impuissante. Démuni, Meyer espère que le prêtre pourra chasser le démon qui a pris possession de son pauvre garçon. Mils réfute tout intervention, mais il promet de passer au domicile des Meyer le lendemain. Et quelle n’est pas sa surprise quand effectivement, le jour suivant, il découvre alité un homme défiguré, au faciès mystérieusement rongé et qui, le temps de l’entretien, devient même invisible quelques instants. Décidé à mener son enquête, Mils suit la seul piste qu’il tient : se rendre à l’hôpital où le fils Meyer était brancardier. Aurait-il pu être, par exemple, victime d’une exposition prolongée et massive à quelques rayons utilisés dans l’établissement ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Amateurs d’interjections anglaises, de phylactères rectangulaires mangeant les cases et bourrés d’explications, d’onomatopées gigantesques chargées du bruitage ou de petites perles de sueurs grossies 50 fois pour marquer la stupéfaction… Celui-ci est pour vous ! Digne héritier d’une « ligne claire » à la Edgard P. Jacobs ou Hergé, l’album pousse même le mimétisme jusqu’au détail de la couverture, du lettrage, de la couleur, voire de l’odeur du papier. On le croirait presque sorti d’un carton oublié depuis les années 40, au fond d’une brocante. En tous cas, une technique parfaite –impeccablement maîtrisée par Devig – pour un récit prenant pied dans les années 50 sur la Côte Est des Etats Unis. Pour ce qui est de l’intrigue, l’ensemble est d’ailleurs au tempo des récits « modèles » sus-cités : du mystère ayant pour base des faits historiques réels, une enquête, de l’action, des rebondissements, un protagoniste central tenace et intéressant (avec ici la bonne idée de confier le rôle à un prêtre), une pointe de fantastique et une bonne dose de méchants. Assez facilement accrocheuse, d’ailleurs, l’enquête qui nous conduit à découvrir ce qui a pu provoquer une mystérieuse maladie, ainsi que l’enlèvement de plusieurs malades, souffre un brin de sa conclusion. Le final se montre en effet un peu sec (à moins qu’il ne s’agisse là d’un essai pour une série récurrente…), sans réelle surprise, d’autant que le pitch éditorial et la 4éme de couverture en livrent les principaux éléments. A vous de vous plonger au sein d’une drôle d’expérience (que les lecteurs de la série Prométhée reconnaîtront), au tempo d’un petit suspens et d’un univers joliment rétro, souligné par un dessin élégant.