L'histoire :
Los Angeles, Police Department, 1946. Dwight « Bucky » Bleichert fête son premier jour aux mandats. C’est la chance de sa vie, le début d’une nouvelle carrière à l’horizon. Tout ce dont il avait rêvé. Avec non nouvel équipier Leland « Lee » Blanchard, il partage un passé de boxeur. Il l’a même déjà affronté sur le ring. Beaucoup de non-dits subsistent entre eux, mais cela ne les empêche pas de sympathiser. Malgré cela, les deux hommes sympathisent, bien qu’une femme au passé tumultueux s’immisce entre eux, une dénommée Katherine Lake. Un jour, Bucky et Lee sont appelés sur les lieux d’un crime atroce. Sur un terrain vague, ils découvrent le corps morcelé d’une femme. Sa bouche a été ouverte de part et d’autre de façon à lui amplifier le sourire. Elle s’appelle Elizabeth Short, on la surnomme le « Dahlia noir »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis sa parution en roman en 1987, le Dahlia noir fascine, au point d’être considéré comme l’un des plus grands polars de la littérature américaine. Écrit par James Elroy, ce roman s’inspire d’un fait divers de 1947, le meurtre non élucidé encore aujourd'hui d’une jeune femme, Elizabeth Short, dont le corps a été retrouvé mutilé et coupé en deux au niveau du bassin. Autour de cette sombre affaire, l’écrivain américain a imaginé une fiction dans laquelle deux policiers mènent l’enquête, jusqu'à se retrouver face à leur propre démon, dans un Los Angeles tenu par le sexe et gangrené par la corruption. Bien loin d’un simple polar, ce livre agit comme une catharsis pour l’auteur qui a été marqué par le meurtre de sa mère, jamais élucidé, alors qu’il avait 10 ans (pour faire simple, Bucky, le héros-narrateur du livre, c’est Elroy lui-même). Le Dahlia noir a longtemps été réputé inadaptable, avant que Brian De Palma n’en fasse un film, qui a laissé les fans avec des avis mitigés. Il fallait être sacrément culotté pour tenter une adaptation BD. Seul un spécialiste du polar tel que Matz, le papa du Tueur, pouvait s’y coller, en compagnie, excusez du peu, de David Fincher (oui, le réalisateur de Seven, Fight Club, Zodiac, The Social Network, Millenium...). Les deux hommes s’étaient jadis rencontrés pour l’adaptation en film du roman, un projet avec Tom Cruise qui n’a jamais vu le jour… Fincher et Matz ont travaillé main dans la main pour nous livrer un découpage synthétique et intense de 170 pages ! Fidèle à son style narratif direct et sans emphase, Matz nous livre un texte dans la lignée du Tueur : il vise juste, bien et ne fait pas dans la dentelle dans cette histoire où les obsessions s’enchaînent. Pas facile, au passage, de condenser un tel pavé sans en perdre toute la saveur ! Au dessin, on retrouve le plus francophile des dessinateurs US, Miles Hyman, qui avait déjà pondu avec Matz une adaptation de Jim Thompson, Nuit de Fureur, dans la même collection Rivages/Casterman/Noir. Son trait old school (quelquefois un peu figé) et ses couleurs surannées font revivre avec brio les années 40 losangelesiennes et son univers impitoyable. À noter qu’une superbe version collector est proposé par l’éditeur, idéale pour faire éclore le Dahlia noir au pied de votre sapin !