L'histoire :
François a quinze ans et raconte son enfance en Sologne. Le rythme de la vie y est paisible et monotone, bercé au rythme du paysage et des saisons. Cependant, la vie calme de l’écolier François va être bouleversée par l’arrivée d’Augustin Meaulnes, un grand adolescent de dix-sept ans. Par son charisme, celui-ci va devenir l’enfant le plus populaire de l’école, de sorte que tout le monde finira par l’appeler « le Grand Meaulnes ». Un soir, les grands-parents de François arrivent à la gare. Un équipage part chercher les Charpentiers. Mais Augustin est porté disparu, comme s’il avait profité de cet évènement pour partir à son tour. Trois longs jours sous le froid, François va attendre le retour de son ami. Finalement, le Grand Meaulnes revient, avec une expression soucieuse et mélancolique. Au bout de quelques jours, Augustin finit par raconter ce qui lui est arrivé pendant ces fameux quatre jours de disparition. Son histoire étrange et quasi surnaturelle va bouleverser à jamais l’univers de ces enfants de la campagne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le récit démarre avec une longue page extraite du seul roman d’Alain-Fournier, écrivain éphémère fauché par les premiers combats de la grande guerre. Bernard Capo veut donc respecter l’œuvre unanimement reconnue de ce début du XXème siècle et emprunte ainsi beaucoup aux écrits d’Alain Fournier. La sélection des textes de l’écrivain français est une occasion de découvrir une plume intimiste, épurée et profonde. Capo est passionné par l’œuvre d’origine et cela se voit. Il rend en effet un hommage appuyé à l’écrivain et à son roman, à travers une annexe détaillée sur le passé d’Alain-Fournier et les similitudes entre les aventures de François et l’enfance de son créateur. Cette bande dessinée est une tentative louable de remettre au goût du jour une production littéraire quelque peu oubliée, de nos jours. Capo s’applique ainsi à mettre en images les nombreuses descriptions du texte d’Alain Fournier : l’univers de l’enfance et de l’école, les paysages de France et de la campagne, les saisons et la nature. Les cases offrent ainsi des plans d’ensemble méditatifs et contemplatifs de paysages d’hiver ou de forêts paradisiaques, de grandes maisons sous la neige... Les personnages sont en revanche beaucoup moins charismatiques et fascinants que ceux du roman, le trait de Capo étant plus efficace sur les décors que sur les humains. Du coup, à l’image de son dessin un peu figé, Capo en oublie l’essentiel quand il adapte Fournier… Sa reprise manque d’âme et de profondeur : Augustin Meaulnes a perdu de sa superbe et de son charisme, et le merveilleux de sa découverte, l’accession vers un paradis fait de fête et d’amour, est quasi passé sous silence. On perd ainsi l’une des qualités du roman qui rendait l’écriture d’Alain-Fournier poétique et fascinante. Reste une belle tentative de donner aux lecteurs envie d’aller explorer ce très beau roman qui a marqué des générations d’enfants et d’adultes.