L'histoire :
C’est pendant une traversée pour Buenos-Aires dans les années 1940 que le narrateur croise le grand maître d’échec de son époque, Czentovic. Le narrateur, lui-même joueur d’échec à ses heures perdues, est irrésistiblement envouté par ce personnage que l’on dit aussi inculte qu’il est doué dans sa discipline. Il rencontre alors un autre passager, McConnor, un riche homme avide de défis et de victoires. Il ne faudra finalement pas grand-chose pour que ce nouvel ami mette tout en œuvre pour affronter ce champion si mystérieux. Acceptant les conditions de Czentovic (et l’argent qu’il demande…), l’ensemble des amateurs d’échec se retrouve au fumoir et espère bien rivaliser, un tant soit peu, avec Czentovic. Les défaites sont aussi cuisantes que l’enthousiasme des gentlemen croissant. Comment cet ignare peut-il si bien jouer ? Lors d’un match, c’est finalement un allié inattendu qui vient les secourir et mettre en difficulté le champion : ce sera un pat ! Qui est cet inconnu faisant tête à Czentovic ? Serait-il capable de battre le champion du monde incontesté ? Il faut alors retourner dans un passé proche, pendant la montée du régime nazi en Autriche et découvrir la genèse atypique de M. B., un génie malgré lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Cauchemar dans la rue, David Sala re-goûte au plaisir de l’adaptation littéraire en s’attaquant à un classique, Le joueur d’échec de Stefan Zweig. On découvre ou redécouvre une histoire courte et intense qui accorde avec justesse mystère et compassion. On a d’abord hâte que Czentovic, ce champion sauvage et apparemment imbattable, chute. Puis vient le personnage de M. B., mystérieux prodige des échecs. Qui est-il ? L’histoire se déploie véritablement par deux retours dans le passé pour retracer la genèse de ces deux protagonistes. David Sala réussit alors à nous faire voyager temporellement. En plus de l’aquarelle, sa mise en page fixe l’ambiance et témoigne d’une appropriation d’une œuvre pourtant déjà maintes fois adaptée (en film, en BD et même au théâtre). Il joue habilement avec le rythme et tient ainsi le lecteur en haleine, alternant tension pendant les parties d’échec et contemplation. Il réussit surtout à nous emmener dans les années 1930 pour partager le malaise du héros à cette époque. Dans ces décors géométriques aux couleurs froides, on plonge facilement dans l’anxiété des souvenirs de MB. Pas de doute, l’histoire nous envoûte irrésistiblement.