L'histoire :
Dans les années 20 américaines, le reporter Tony Antonelli est venu démarcher le rédacteur en chef de The True Detective. Il lui propose de relater, au sein de ses pages, l’histoire de Carl Webster, l’une des meilleures gâchettes de l’histoire de la police. Notamment, il a la conviction que le récit de son affrontement épique avec le bandit Jack Belmont passionnera les lecteurs du journal. Le rédac’ chef lui accorde le temps d’un déjeuner pour se laisser convaincre. Antonelli commence par narrer la toute première confrontation de Carl Webster, à l’âge de 16 ans, face au célèbre bandit Emmett Long, dans un drugstore. Celui-ci l’avait traité de métèque, Webster ne s’était pas laisser impressionner et lui avait tenu tête, droit dans les yeux. Quelques années plus tard, il le flinguera. Au même âge, Webster avait également abattu un voleur de bétail, d’un seul coup de carabine à 200 mètres. Cet exploit lui avait valu d’être recruté dans la police… et il avait par la suite été promu Marshall. A la même époque, Jack Belmont, fils d’un riche industriel pétrolifère, en faisait voir des vertes et des pas mûres à ses parents. Par sa négligence lorsqu’il était enfant, sa sœur avait failli se noyer et pâtissait désormais de graves lésions cérébrales. Jeune adulte, lorsque son paternel l’avait forcé à travailler au sein de son entreprise, il avait mis le feu à une cuve et kidnappé sa maîtresse !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si ses œuvres ont très souvent été adaptés au cinéma (Get shorty, Hors d’atteinte, Jackie Brown), le romancier Elmore Leonard voit aujourd’hui un de ses romans traduit en bande dessinée. Initialement publié au sein de la collection de polars Rivages/Noir (2005), Le Kid de l’Oklahoma a cette fois été confié au seul Olivier Berlion, par ailleurs déjà auteur complet (Tony Corso, Histoire d’en ville…). Le titre emprunte partiellement sa référence au célèbre Billy The Kid, dont le bandit Jack Belmont se compare au cours du récit. S’il contentera les fans de polar, le scénario ravira en effet plus volontiers les amateurs de western, quand bien même l’action se déroule dans les années 1920-1930 américaines. Le synopsis est néanmoins très classique dans le registre : il s’agit de la confrontation progressive entre un super flic et un super bandit, qui les mènera jusqu’à un « duel » final (un peu à la manière du film Heat, dans un contexte plus contemporain). Lequel de Carl Webster ou de Jack Belmont aura le dessus sur l’autre ? Jouissant d’une précision de tir et de réflexes exceptionnels, le premier est intègre, intransigeant et s’applique à bâtir sa propre légende. L’autre est le fils « pourri » (dans tous les sens du terme) d’un riche industriel et son objectif, clairement avoué, est de devenir l’ennemi public n°1. Ils sont chacun arc-boutés sur leur « way of life » et, malgré des rapports cordiaux, prêts à mourir pour leurs principes. Un peu longuette, la double narration alterne une douzaine de séquences, comme autant d’anecdotes vécues, à travers « l’histoire dans l’histoire » que relate un journaliste à son rédac chef. Sur 110 planches, Berlion réemploie son joli dessin réaliste en couleurs directes, dont il a fait sa griffe, pour une ambiance feutrée, en accord avec l’ambiguïté des rapports entre les deux hommes. Une histoire d’hommes, qui finit mâle…