L'histoire :
Au port du Havre, le paquebot gigantesque « France » est à quai. Un convoi spécial escorté par deux policiers motocyclistes s’approche de la zone de chargement. D’un pas rapide, le ministre d’Etat chargé de la Culture se dirige vers le ponton d’embarquement. Il va superviser la sécurité du voyage jusqu’aux Etat unis du tableau de Léonardo Da Vinci, la Joconde. Afin de réchauffer une entente diplomatique tendue, le ministre d’Etat chargé de la Culture, en accord avec le Président de la République, a eu cette idée de prêter le joyau du Louvre à la National Gallery of Art de Washington. A bord du paquebot, tout semble sous contrôle. Le tableau occupe une suite surveillée par un planton nuit et jour. Le ministre peu enfin souffler et s’afférer aux mondanités eu égard à son rang. Au dîner, il tombe sous le charme d’une très jolie jeune femme qui n’a d’yeux que pour le grand chef d’orchestre Herbert von Karajan. Une rivalité juvénile se crée à cet instant entre les deux hommes. Souhaitant arracher la belle de son rival, le ministre lui propose d’aller contempler le tableau de la Joconde. Arrivé dans la suite, madame le conservateur du Louvre s’insurge contre cette décision. Et contre son gré, elle découpe les scellés afin d’ouvrir la caisse de transport. Lorsque cette dernière s’ouvre, la petite assemblée est médusée. La Joconde à disparue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En voilà une histoire fantasque. Les auteurs s’amusent à réécrire l’histoire de la traversée de la Joconde vers les Etats Unis, en ajoutant une petite intrigue et en dressant un portrait au vitriol du ministre d’Etat chargé à la Culture de l’époque, l’écrivain et homme politique André Malraux. Cette traversée rocambolesque met en lumière la part sombre de Malraux, qui éclate au grand jour au début des années 60 en alternant des phases de mégalomanie et de dépression. L’homme est complexe et les scénaristes Hervé Bourhis et Franck Bourgeron réussissent à faire transpirer cette réalité dans le scénario. Les clins d’œil aux frasques de l’homme politique sont légion et l’amplification du comique de situation rend le pamphlet plutôt gentillet et drôle. Le dessin est confié à Hervé Tanquerelle, qui place le récit dans l’ambiance graphique de l’univers de Tintin et de sa ligne claire. Il n’en est pas à son premier galop d’essai, car le dessinateur s’est déjà frotté à l’univers tintinesque avec Groenland Vertigo, déjà pour les éditions Casterman. Le dessin va à l’essentiel. Le coup de crayon est plaisant et les personnages sont caricaturaux, avec une forte exagération des expressions. Avec cet album, les auteurs profitent d’un fait authentique pour bousculer une figure complexe mais emblématique du XXème siècle.