L'histoire :
Louis Clément est un paisible retraité, veuf inconsolable, qui vit seul dans un petit pavillon avec son chien Bao. La plupart du temps il s’ennuie et les rares fois où sa fille Florence, son gendre Gilles (postier sans ambition) et ses deux petits-fils viennent lui rendre visite, ils lui semblent transparents. Conscient de la morosité de son existence, il joue à un petit jeu apparemment anodin : il se coiffe d’une couronne de galette des rois, enfile une cape et s’imagine en roi Miao, sous bonne garde de son chien, le conseiller. Cependant, il finit par croire de plus en plus à cet état et s’autoproclame souverain du royaume de Georgetta (le prénom de son épouse défunte). Pour tuer le temps, il s’attelle à la rédaction de la constitution de son nouvel état et écrit à l’ONU pour demander son indépendance. Sur le balcon d’en face, la petite vieille qui arrose (trop) régulièrement ses plantes, devient à travers ses yeux, la comtesse rouge. Jusqu’au jour où Gilles, qui rêve d’embrasser une carrière écrivain, tombe dans son centre de tri sur une lettre mal affranchie. En l’ouvrant, il découvre un courrier adressé à l’ONU, signé du pseudo roi de Georgetta qui proclame son indépendance. Se dégage une immense tendresse de ce type de missive. Gilles décide de jouer le jeu et d’y répondre, afin de nourrir le sujet de son futur roman, en ignorant bien sûr que l’auteur en est son beau-père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Antoine Ozanam nous avait habitués à des récits relativement trash ou tout au moins décalés. Sans se départir de cette dernière caractéristique, il livre ici un petit one-shot de 116 planches pleines de tendresse et de poésie, toujours au sein de la collection KSTR de Casterman où il a désormais ses repères. A partir de la morne situation d’un vieux veuf esseulé, un cas comme il y en a tant dans nos sociétés, il tisse une sorte de conte contemporain bon enfant vraiment touchant. A la manière d’un Vaudeville, son récit s’articule autour d’une petite poignée de protagonistes, aux caractères définis et crédibles, psychologiquement riches, malgré l’absence totale de malignité. Notre petit vieux triste se proclame roi, se prend au jeu et nourrit les ambitions de son propre gendre, à son insu. Une suite de quiproquos et de coïncidences bienvenues font alors toute la saveur d’une belle histoire humaine. Visuellement, Eun-Kyung Park concrétise dans cette première réalisation le Prix Jeunes Talents qu’il a reçu à Angoulême en 2006. Son dessin participe et se met au diapason de l’ambiance bienheureuse qui règne dans ce petit microcosme familial. Tout simple sur les faciès et les galbes des personnages, il est néanmoins parfaitement cadré, impeccablement mis en scène, décoré en détail et coloré avec soin. Une jolie surprise qui donne la banane et fait aimer son prochain.