L'histoire :
De nos jours à Tokyo, la mangaka Kimiko reçoit un coup de fil de Bruxelles, de son frère Kazuo. Ce dernier est totalement excité : il « l’ » a retrouvé et va s’en occuper. Puis il raccroche, laissant Kimiko quelque peu paniquée. Quelques jours plus tard, la jeune Zoé se trouve dans le parc du Muséum d’Histoire Naturelle de la capitale belge. En se cachant derrière un arbre pour éviter u gros lourd qui la drague, elle trouve un corps mutilé : ni bras, ni tête, ni jambes… mais un sparadrap sur le dos avec des idéogrammes japonais. Sur les conseils téléphoniques de sa meilleure amie, qui aime les trucs morbides, elle prend des photos avec son portable et se sauve. Une mémère et son caniche mettront en branle la police scientifique quelques secondes plus tard, et l’enquête sera confiée à la profileuse Agnès Gourboin. Zoé retrouve aussitôt ses amis, qui décident d’en profiter pour réactiver leur blog de détective et essayer de faire la nique aux flics en démasquant l’assassin. Zoé trouve notamment une piste géniale : l’inscription est la phrase culte du manga Lethal Pencil ! Dans celui-ci, un crayon magique donne vie à un saurien géant, Kroko, qui tue selon son bon vouloir. Et les victimes se retrouvent toutes plongées dans un monde parallèle peuplé de créatures hideuses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette série en deux tomes est librement inspirée d'un fait divers réellement survenu à Bruxelles en 2008. Un corps tronçonné avait été retrouvé dans un des parcs de la ville, porteur de la phrase : « Je suis Kira »... Cette phrase était tirée du célèbre manga Death Note et laissait entendre que le corps était une des nombreuses victimes de Kira, un garçon qui tue les gens simplement en inscrivant leur nom sur une liste magique. En écho à Death note, Yann appelle ici son manga Lethal Pencil. Le scénariste reprend les grandes lignes de l'affaire et confie l'enquête à une bande d'adolescents férus d'énigmes policières et habitués à utiliser les technologies modernes. En soi, le sujet est palpitant et Yann nous plonge d'entrée de jeu dans un récit d'aventures mené à 100 à l'heure par sa petite troupe d'enquêteurs. Toutefois, ce tempo aurait pu mieux servir l'histoire. Les 7 membres de son groupe (filles et garçons) sont trop rapidement présentés pour dégager de vraies personnalités auxquelles on aurait envie d'attacher nos pas. Difficile de savoir qui est qui et quels sont les motivations des uns et des autres. Du coup, il est dur de ressentir de l'émotion pour ce qui leur arrive. Ajoutez à cela une façon irritante de parler « djeunz », qui rend leurs échanges agaçants, les faisant d'avantage passer pour une bande d’allumés que pour les passionnés d'enquêtes policières qu'ils sont sensés être. En parallèle des recherches menées par nos enquêteurs en herbe, une profileuse se retrouve affublée d'une équipe de bras cassés de la police scientifique, s'autorisant des blagues de mauvais goûts et montrant une incompétence assez déstabilisante. Côté dessin, le style réaliste et sur-infographique de Chris Lamquet participe à la confusion générale. Le dessinateur nous propose une narration pas toujours très claire et des personnages pas suffisamment caractérisés pour leur offrir l'épaisseur que le scénario n'a pas su leur donner. Par contre, il sait parfaitement exploiter les décors de Bruxelles, cadre rarement utilisé pour une histoire policière. Au final, ce récit d'aventures ni sociologiques, ni psychologiques, privilégie le tempo et l'aventure, pas déplaisant à suivre. Mais sa tension et ses rebondissements sont souvent désamorcés faute de personnages attachants et d'une mise en scène percutante.