L'histoire :
Augustin Morel est un vieil écrivain déchu : il n’a plus produit d’œuvre après son principal succès qui narrait ses premières amours en temps de guerre dans le petit village campagnard de Sainte-Geneviève. Pourtant, 50 ans plus tard, et alors que l’homme vit en vieux loup solitaire et ne parvient plus à trouver l’inspiration, une scénariste s’intéresse à son écrit. Elle l’invite à venir jouer son propre rôle dans le film qu’elle souhaite tourner à l’endroit même où se sont déroulés les faits. Pour Augustin, redécouvrir le torrent de ses premiers émois fait remonter en lui de nombreux souvenirs. Parfois heureux comme ceux qui ont trait à la belle Marianne. Souvent malheureux, tels les dénonciations de résistants, de toute façon jamais indifférents. De surcroît, ce saut brutal dans le passé ravive au sein de la communauté villageoise les actes de bravoure des uns, mais aussi la lâcheté des autres, source de nouvelles tensions. Bien loin de ces querelles, Augustin laisse petit à petit sa mémoire prendre le dessus jusqu’à en confondre passé et présent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Benoit Sokal est surtout connu pour ses Inspecteur Canardo, flic antihéros zoomorphe publié chez Casterman (18 albums). La BD Le vieil homme qui n’écrivait plus a été injustement oubliée par la critique et il convenait donc de réparer cette erreur. L‘auteur nous livre ici une atmosphère, une ambiance, plutôt qu’un véritable scénario. En effet, l’histoire, très simple, sans être pour autant simpliste, ne fait que souligner une période noire de notre histoire, au travers de personnages qui pourraient tout à fait nous être familiers. La résistance, les dénonciations, les amours des deux jeunes tourtereaux sont particulièrement bien imagées et nous emportent dans une romance langoureuse qui ne nous laisse pas sans quelques émotions. Le dessin est sobre, efficace… L’auteur emploie volontairement une palette de couleurs ternes, sombres comme le sont les évènements relatés. Au finale, un album tout en sensibilité et en nostalgie, qui mérite sincèrement d’être lu.