L'histoire :
Après avoir fui le nazisme, Stefan Zweig quitte à nouveau les Etats-Unis qui les avaient accueillis, lui et sa femme Lotte, pour Le Brésil. Il a rencontré Lotte 7 ans auparavant. Le bateau qui laisse le skyline de New York au loin, les emmène vers Pétropolis, une ville située dans les terres à proximité de Rio de Janeiro. Là-bas, la jeune femme espère pouvoir prendre un nouveau départ. Lui, espère trouver l’inspiration pour écrire de nouveaux livres. A leur arrivée, le couple est enchanté. La maison qu’ils occupent surplombe la forêt vierge, l’effervescence des cariocas les séduit. Pourtant, cette nouvelle vie idyllique n’arrive pas à chasser les vieux démons de Zweig. Il a 60 ans. Il est fatigué de fuir sans cesse. De 30 ans sa cadette, sa femme traîne un asthme de plus en plus intense. Et si c’était le moment et l’endroit pour en finir ensemble ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les nazis brûlent ses livres. Il quitte l’Autriche pour l’Angleterre. Les anglais le considèrent, à tort, comme un allemand. Il fuit Londres pour New-York. Les Etats-Unis refusent de lui accorder un visa définitif. Il s’embarque pour le Brésil, accompagné de sa femme Lotte. L’histoire de Stefan Zweig n’est qu’une fuite perpétuelle. Pourtant, il est apprécié de tous. Ses romans (Le joueur d’échecs, Vingt quatre heures de la vie d’une femme, la confusion des sentiments…), comme ses biographies (Marie-Antoinette, Magellan), rencontrent un succès public et critique dans le monde entier. Mais à Pétropolis, le cœur n’y est plus. Le pessimisme naturel de l’écrivain reprend le dessus… Laurent Seksik en a tiré un roman paru en 2009, puis en en a fait une adaptation en bande dessinée, que nous avons le plaisir de pouvoir lire. Il faut dire qu’on se laisse porter par cette biographie romancée. On a l’impression d’être dans la peau de l’auteur, face à ses peurs et à ses envies. Les sentiments introspectifs sont décrits pour la plupart avec justesse. Cette réussite passe aussi par le dessin doux et évanescent de Guillaume Sorel. Son trait délicat nous plonge dans cette ambiance des années 40 à Pétropolis, repaire des exilés européens ayant fui l’horreur nazie. Ses couleurs aquarellées sont un régal visuel. Un ouvrage qui gagne à être connu !