L'histoire :
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Max est un homme effacé. Tellement insignifiant que son entourage l’oublie facilement. Même sa copine oublie qu’elle est en couple… à tel point que lorsqu’il rentre un soir dans leur appartement avec un bouquet de fleurs, elle est au lit avec un nouveau mec. Il parle régulièrement de ce problème à sa psy, mais même elle ne prend pas vraiment ses problèmes au sérieux : ils lui semblent négligeables, sans intérêt. A elle aussi, Max lui semble transparent. Max cherche donc à prendre une collocation. Il en trouve une chez Nabil, un type très volubile. Sur son nouveau balcon, il fait connaissance de la voisine, Jasmine… qui se trouve être sa psy ! Mais celle-ci ne le reconnait pas : elle l’a déjà oublié. Deux étages plus haut, vit une jolie rousse, Léonie, avec une toute autre pathologie psychiatrique : elle a l’impression que chez elle, vivent trois monstres fantomatiques. Aussi, elle ne supporte pas d’être seule et elle invite souvent des mecs à coucher avec elle juste pour éviter cela. A partir du moment où Max va la croiser dans l’escalier, un phénomène de translation va se produire : Max va devenir réellement et définitivement transparent, tandis que Léonie va chasser ses démons à cou d’aspirateur. Ainsi Max peut devenir le fantôme qui vit dans son appartement… et tomber follement amoureux d’elle.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’un type tellement transparent aux yeux de la société, qu’il devient subitement réellement invisible. Un fantôme qui hante l’intimité d’une jolie rousse en quête d’équilibre sentimental. Sous le prétexte de cette intrigue fantastique, la scénariste Véro Cazot interroge à la fois sur ce qui fonde l’être social, mais aussi sur le mécanisme quasi ésotérique de l’âme sœur. Qu’est-ce qui fait qu’on est parfois insignifiant aux yeux de certains, et pas du tout pour d’autres ? Véro Cazot décortique et décline la phase d’invisibilité sociale de son « anti-héros » sur plus de 140 planches, dessinées avec beaucoup de talent par Camille Beyamina – un très joli crayonné rehaussé d’une colorisation lumineuse… parfois saturée. Si on comprend relativement vite la portée sociale et symbolique des sujets, qu’on apprécie de prendre le temps de s’attacher aux personnages, on peut regretter de ne jamais saisir l’exacte finalité (ou le message ?) voulue par la scénariste. Surtout, on doit affronter la longueur. On attend patiemment l’unique issue possible, qu’on sent venir dès le début : la concrétisation de la relation entre Max et Léo. Quelques scènes érotiques réservent cette lecture à un public adulte.