L'histoire :
Le petit Thomas, sa grande sœur et leurs parents roulent sur une route escarpée de montagne. Sur la banquette arrière, Barbara fait croire à son petit frère, coiffé d’un casque de guerrier avec des cornes, qu’ils vont bientôt tous mourir et qu’il existe un univers invisible, le royaume de Tiketone. Il devra être courageux et persévérant pour y accéder. Sa mère l’enguirlande d’entretenir le jeune Thomas, crédule, par ces boniments. Au détour d’un virage, un renard se trouve sur la chaussée. Leur père donne un coup de volant pour l’éviter et… la voiture plonge dans le ravin. Elle s’écrase dans un arbre… A contrario de leurs parents, Barbara et Thomas restent conscients... et horrifiés. Soudain la portière est arrachée par des branchages, qui attrapent ensuite Barbara pour l’extraire de l’habitacle, laissant Thomas seul survivant de l’accident lorsque les pompiers arrivent. Quelques semaines plus tard, Thomas est intégré dans un centre pour orphelins. Il refuse de quitter son casque et reste mutique. Il ne s’exprime que par rots ! Les psys espèrent que le contact avec les autres enfants de son âge vont le sortir de cet état second. Mais Thomas se prépare à accomplir un rite initiatique complexe et à y entrainer ses camarades…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une première carrière dans la mode, la basque Mélissa Morin s’est lancée dans la bande dessinée. Après deux one-shot (Céphéide avec Clotilde Bruneau, puis Chien hurlant en solo), elle propose cette étonnante série jeunesse annoncée en 3 tomes. La thématique est celle des mondes imaginaires dans lesquels se réfugient les enfants – surtout lorsqu’ils ont subi un traumatisme. C’est le cas de Thomas, qui perd toute sa famille dans un dramatique accident de voiture. Heureusement sa sœur Barbara l’avait précédemment initié aux Royaumes de Tiketone, une sorte de jeu féerique pour accéder à ce monde invisible. Et c’est pour cela qu’il ne quitte plus son casque ! Dans ce premier volume, Thomas entraine ses camarades dans une quête initiatique ordonnée, une chasse de 5 reliques, que des éléments organiques en lien avec le règne animal, mais « morts » : une coquille d’escargot blanc, une plume noire, un nid d’abeille, une mue de serpent, une dent de renard. Pour le moment, on reste aux alentours de l’orphelinat, Morin parvient à conserver l’ambigüité sur ce royaume imaginaire. Existe-t-il réellement ou est-il le fruit de l’imagination de Thomas ? Sur le plan narratif, à défaut d’être totalement original, c’est assez habile. Sur le plan graphique, le style semi réaliste plutôt convenu tire son originalité de la police d’écriture des phylactères, mais aussi du traitement des nombreuses onomatopées, notamment des bruits de la nature. Les cris, les sonneries, le souffle du vent, les respirations, le chant des oiseaux, le bourdonnement des abeilles… Les sons sont tracés par des essaims de points virevoltant ou en gros caractères fantaisistes. Au regard du cliffhanger, il semble que le second tome nous fera entrer « de plain pieds » dans Les royaumes de Tiketone.