L'histoire :
Par une nuit de novembre 1959, à Manhattan, Norman Wells boit un verre dans un bar. Alors qu'il lit son journal, il remarque qu'un des clients n'est autre que Truman Capote, le célèbre écrivain dont il est grand fan. Une jeune femme brune arrive peu après et s'assied à ses côtés. Les minutes et les heures passent, autant que les verres d'alcool. Quand ils veulent rentrer, Norman se propose de les raccompagner jusqu'à leur chambre d'hôtel, en voiture. Il ne remarque alors pas la chaussure de la jeune femme oubliée dans son véhicule. Il la rapporte le lendemain, constatant que la jeune femme n'est autre que Marilyn Monroe : celle-ci portait une perruque la veille ! Elle se fait alors conduire par Norman sur le lieu d'un tournage. Croyant ne plus jamais la revoir, Norman reçoit pourtant quelques jours plus tard un coup de fil de l'actrice qui souhaiterait le revoir et se balader avec lui. Il passe la prendre et ils partent ensemble sur les routes de campagne enneigée. Mais au terme de leur promenade, la voiture de Norman refuse de redémarrer. Ils repartent à pied et tombent sur un manoir lugubre au beau milieu d’une forêt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Année après année, album après album, Christian De Metter s'impose comme un des artistes majeurs du 9e art, un de ceux capable de mêler un dessin original et une narration subtile. Après la fabuleuse adaptation du Shutter Island de Dennis Lehane, l'auteur surprend avec un récit s’appuyant pour tête d'affiche (comme un film) sur la splendide Marilyn Monroe. Détrompez-vous, il ne s’agit nullement d’une énième biographie de l’actrice. L'auteur en fait juste la vedette d’un rôle qui n'est pas forcément très connue, celui de Norma Jeane Mortenson (son vrai nom). Le récit est le fruit de la rencontre entre un écrivain sans inspiration et la belle. Alors qu'ils se promènent ensemble, ils se perdent près d'un sombre manoir… un environnement insolite pour cette icône glamour et sexy, plus habituée aux atmosphères paillette. L'histoire penche alors progressivement vers le fantastique, délicat, jamais effrayant, et nous montre un personnage touchant, constitué de nombreuses faiblesses. Bien évidemment, la narration est impressionnante de maîtrise. On suit dans un premier temps le titre avec quelques aprioris, qui sautent très vite devant des dialogues très travaillés. Visuellement, De Metter s'est appuyé sur de nombreux clichés célèbres de l'actrice. Mais en dehors de cela, il fournit un travail incroyable sur les couleurs. Les teintes ont une patine surannée bien trouvée (mais pas kitsch, attention). Le sous-titre de cet album est De l'autre côté du miroir… un choix judicieux. Christian De Metter confirme tout son talent et se hisse, à l'instar d'artistes comme Chabouté ou Gipi, parmi les plus grands de son art.