L'histoire :
Un objet stellaire venu du fond des âges et des confins du système solaire travers le cosmos à une vitesse fulgurante en direction de la Terre ! Déchirant l’atmosphère comme un fétu de paille, le mégalithe spatial fini sa course et s’écrase à Gennevilliers, le lieu de villégiature d’un certain Giscard. Les radiations extraterrestres aurait-elles contaminé toute la population ? L’Etat se veut rassurant et après la reconstruction de la ville, Giscard décide de se présenter aux élections présidentielles en entendant au loin l’air de la Marseillaise. Mais il est difficile de trouver une colistière... Après avoir renoncé à son projet, le héros s’attache à découvrir le génie français et la nouvelle technologie qui parsèment notre quotidien. Entre le e-commerce, les ordinateurs, le vin chaud en bouteille qui cache un génie, Twitter et plein d’autres joyeusetés, la vie moderne n’est pas si facile pour Giscard...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça fait quelques années que l’artiste Stéphane Trapier traîne ses guêtres dans le p’tit monde de l’art au travers d’œuvres comme Tarzan contre la Vie Chère, de travaux dans La Revue Dessinée ou Fluide Glacial et même dans les médias (Le Monde ou Télérama, notamment). Autant dire que l’homme a su fédérer autour de lui de nombreux lecteurs. L’occasion était donc idéale pour Trapier de proposer un recueil de ses plus grands succès, publiés sous un titre sobrement intitulé... Mes Plus Grands Succès ! Pas bête... Tout comme bon nombre de ses contemporains, l’artiste dézingue tout ce qui lui passe sous la main (la politique, les travers de la société de consommation / communication...) avec une approche qui mise souvent sur l’absurde, mais toujours finement acérée. Or loin de tomber dans la réédite, l’increvable Trapier réussit le tour de force de mettre en avant ses propos sans cesse changeants sur une mise en scène graphique très travaillée qui prend tour à tour la forme d’un strip à suivre (Giscard et ses amis), d’un détournement bien pensé sous une déferlante d’humour ra(va)geur (Manu Mac’on, le héros d’un monde sans R). Bref, on ne s’ennuie pas une seconde, même si parfois, le bonhomme enfonce des portes ouvertes sur la politique. Du côté des dessins, Stéphane Trapier prouve une fois de plus (en était-il besoin ?) sa maîtrise du sujet et délivre des planches de qualité qui rappellent tantôt Alexis, Roland Topor ou encore Glen Baxter. Qu’on ne s’y trompe pas : la patte de l’artiste est belle et bien là et l’homme possède sa propre personnalité graphique. Évidemment, l’hétérogénéité des sujets accorde au recueil un aspect un peu fourre-tout (c’est une compilation issue de différents supports). L’approche peut s’avérer un tantinet compliquée pour le quidam qui découvrirait l’univers de l’ami Trapier. Mais rien de rédhibitoire non plus : la lecture reste agréable et cet humour grinçant omniprésent est un vrai régal ! En définitive, ce recueil des plus grands succès de Stéphane Trapier porte bien son nom. Ça fait du bien de pouvoir rire un peu en cette période difficile et morose. Ne boudons pas notre plaisir, donc.
