L'histoire :
Depuis qu’il est tout petit, Valentin Choupeau aime la cuisine et en particulier la pâtisserie. Néanmoins, malgré sa passion, il ne parvient qu’à de piètres résultats culinaires, qui auraient même tendance à rendre malade ceux qui tentent de les ingurgiter. Il est pourtant à la tête d’une pâtisserie florissante, qui a pignon sur rue à Saint-Germain-en-Laye. Car notre ami a eu la bonne idée de s’associer avec Maxime, qui n’a pas son pareil pour marier ingrédients, arômes et divers parfums : à lui la tambouille sucrée ; à Valentin le soin de tout mettre en forme en de somptueuses sculptures et géniales réalisations. Mais ce petit succès professionnel à un coût : Valentin est un père et un époux absent, délaissant ses proches et participant peu aux travaux de la maison. Et puis un matin, tout bascule. Un notaire pousse en effet la porte de la pâtisserie pour annoncer à Valentin qu’il hérite de la totalité des biens d’un oncle qu’il croyait enterré depuis des années. En fait l’héritage est principalement constitué d’un appartement. Aussi, notre Choupeau prend-il son après midi pour aller jeter un œil en secret au domicile du tonton. La demeure est remplie de livres hétéroclites sur lesquels il se jette rapidement. Des livres qui, bientôt sans qu’il ne le sache encore, lui donneront une brillante idée pour booster son quotidien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Golem, petite crise existentielle, curieux héritage et gentil nounours-looser sont au menu de cette nouvelle « KSTЯ » concoctée par Antoine Ozanam, qui signe vraisemblablement ici un de ses plus « joyeux » récits. De l’impeccablement divertissant, donc, servi par une fable moderne entrelaçant habilement humour et notes fantastiques, au rythme d’un sens inné de la narration. Et cet angle est le bon, qui nous fait sourire devant le destin d’un sculpteur-pâtissier avalé par le train-train inhibant d’un quotidien construit autour de son boulot. Miné par les « j’aurai pu », culpabilisant de ne pas suffisamment s’occuper de sa famille, le voilà doublement giflé. D’abord en apprenant qu’il hérite d’un oncle un brin sorcier. Puis en découvrant que son talentueux associé l’abandonne sans préavis. Quelques soirées avinées plus tard et consultations des grimoires du tonton, une idée de génie : se créer un double. Mais attention, en n’oubliant pas d’affubler son « jumeau » de quelques qualités qu’il n’a pas. Evidemment, l’ensemble ne tardera pas à joliment déraper pour que notre bonhomme se prenne au piège de sa propre invention… Un contexte qui donne l’occasion, en tout cas, d’effleurer tout un tas de petites interrogations psycho-socio-philosophiques, habilement distillées sur le ton de la comédie drôle et rythmée. Peut-être pourra t-on regretter que la mini pirouette qui ponctue l’intrigue soit vite emballée, mais elle a l’avantage de tout faire retomber sur ses pieds. Pour la partie graphique, Kyung–Eun Park livre un travail séduisant, parfaitement cadré et qui se superpose très justement au récit. Bref, un agréable moment de lecture.